Dimanche, 11 avril 2010, Beijing, Tiananmen Best Year Courtyard Hotel
Après le long voyage et une nuit de sommeil presqu’aussi longue, visite éclair sous une pluie glaciale de la place Tiananmen et de l’entrée de la Cité interdite. Nous remettons tout à demain. Repos.
Mais lunch rapide dans un petit resto : soupe et won tongs superbes, thé délicieux. Notre petit hôtel, logé dans un hutong, est très agréable et joli, situé à 10 minutes de marche lente, à travers un superbe parc, de la Cité interdite. Très paisible… Avec une cour intérieure, non chauffée mais couverte d’un toit en verre, qui donne sur 4 des 10 chambres, dont la nôtre,
Les communications ne sont pas évidentes ici comme ailleurs dans Beijing; l’anglais est moins bon et beaucoup moins répandu qu’au Vietnam par exemple. En général, les gens sont sympathiques et nous ne sommes en rien harcelés.
Seul luxe de la journée, nous organisons notre soirée de demain (opéra chinois pékinois) et la visite de la Grande Muraille mardi à Mu Tian Yu.
Lundi, 12 avril…
Nous ne nous attarderons pas sur la place Tiananmen qui n’a d’attrait que parce qu’elle participe à la démesure de certains monuments environnants. Froide, avec une sensation de célébration du béton; je ne viendrais certes pas du bout du monde pour la voir. Les événements que le régime veut faire oublier sont pourtant, selon moi. la seule raison de sa célébrité avec son immensité bétonnée…
La cité interdite… Merveilleuse, surtout avec le soleil qui s’est finalement réveillé; mais toujours assez hivernal… Une première impression n’est pas très invitante avec l’immense portrait du Grand Timonier devant la porte sud et les hordes de touristes chinois en bataillons serrés, coiffées de casquettes aux couleurs des différentes agences. Nous avions été impressionnés l’an dernier par la grandeur du Palais impérial de Hué au Vietnam; ma foi, c’était un roitelet de province. La Cité interdite, c’est aussi la démesure… Encore chanceux que Louis XIV ne l’ait pas visitée avant de construire Versailles… Ou bien la Révolution française aurait eu lieu un demi-siècle plutôt, ou bien il n’aurait pas resté de français pour la faire… Mais c’est d’un esthétisme recherché et sobre, surtout les jardins qui valorisent ce contraste entre l’ordonnance et la végétation, jusque dans les détails des sculptures des édifices, la poésie de leurs noms et l’apparente anarchie d’une nature pourtant très domestiquée.
Mardi, 13 avril
La Grande Muraille… Encore plus belle, plus majestueuse que tout ce que j’espérais. Et le plaisir de nous promener, souvent seuls, Marie et moi sur cette muraille à la fois imposante et austère qui grimpe la montagne devant nous, telle un long serpent. On nous avait promis des hordes de touristes, mais ce n’était certes pas le cas du côté de Mu Tiyan Yu. Je vous parlais de plaisir, mais je devrais plutôt parler d’une plénitude qui nous envahit devant cette œuvre, même si nous savons que des centaines de milliers de personnes sont mortes à la construire.
Et en prime, il a fait beau et chaud (environ 15C) et tout baignait dans une superbe lumière printanière. Les montagnes escarpées environnantes et les arbres encore dénudés concourraient au caractère à la fois dépouillé et un peu écrasant des lieux.
Marie et moi nous disions qu’il s’agissait réellement d’un des grands lieux que nous avons visité avec Venise, Petra, le Colisée , le Parthénon et le Taj Mahal; un de ces lieux qui nous fait nous sentir à la fois petit devant leur grandeur, et plus grands d’y être.
Mercredi, 14 avril
Aujourd’hui, le Palais d’été, l’immense domaine de l’Impératrice CIXI, après bien d’autres; les rénovations ont plutôt été des reconstructions après les destructions des armées anglo-françaises. Le soleil est finalement apparu et nous avons bénéficié d’une chaleur relative bienvenue. Un décor superbe, des bâtiments majestueux, et toujours cette démesure…
Finalement, nous quitterons Beijing avec le sentiment de l’inachevé… Il y avait tant d’autres choses à voir… Pourtant, nous n’avons jamais ressenti ce dépaysement, cet exotisme avec lequel l’Inde, le Mexique colonial ou l’Afrique ont su nous séduire. Beijing est une cité grouillante, moderne où l’horrible et le merveilleux se côtoient. Les habitants sont à la fois réservés et chaleureux, aimables, même s’il est souvent difficile de communiquer avec eux. Et très occupés à travailler pour eux-mêmes et leur famille… mais différemment de leurs parents. Nous avions hier une discussion avec notre jeune guide (une jeune femme) –nous avions pris une excursion pour la Grande Muraille, car c’est loin et compliqué-, et un natif de Hong Kong; selon ce qui en est ressorti, il y a actuellement en Chine une profonde division intergénérationnelle due à la politique de l’enfant unique, qui est aussi devenu l’enfant roi. Intéressante comparaison possible avec les petites familles éclatées des baby-boomers…
Nous finissons notre séjour avec le sentiment de partir trop vite, alors que nous commencions à apprivoiser cette ville finalement beaucoup plus intéressante que ce que les guides en disait. Mais avec l’estomac plein d’un savoureux canard laqué (dit de Pékin chez nous); mais sur la suggestion de notre jeune hôtelier, dans le plus grand restaurant de Beijing, non-touristique. Encore la démesure avec au moins quatre étages immenses remplis de gens; il y en avait peut-être encore plus des étages, mais nous étions au 4ème…
Demain Xi’an et l’armée de terre cuite; lever à 4 :00 heures am. Les vols les meilleurs marché sont tôt le matin…