Jeudi, 22 avril
Réveil à 4 :30 dans notre très belle suite « Citadines » à Chongquing pour prendre l’avion pour Kunming, Yunnan. Nous y logeons dans un bel hôtel 5 étoiles, au milieu d’un immense parc privé en plein centre d’une ville très moderne comme toujours. Température exceptionnelle dans cette ville du printemps éternel, au milieu de fleurs et surtout de magnifiques bougainvilliers.
Notre voyage se déroule sur des roulettes, tous les transports et les hôtels à temps et merveilleux. Les taxis sont donnés (entre 1,50$ et 3,00$ pour une course en ville, 5,00$ pour l’aéroport); et si nous donnons un ¥uan de pourboire (0,15$), tout le monde est heureux et on a droit à de grands « Chiche ! » (merci).
Nous sommes allés visiter un magnifique et immense parc dans la ville, le parc Émeraude (de la couleur de son lac),plein de canaux, de lacs, d’arbres et de fleurs. Et de chanteurs-euses, musiciens, danseuses, comédiens, tous amateurs, qui pratiquent leur art en plein air au grand plaisir des gens. Certains sont merveilleux, d’autres surtout pleins de bonne volonté, mais dans l’ensemble nous nous sentons loin de Montréal même si nous sommes toujours dans une ville moderne.
Promenade dans un marché plein de fleurs et d’oiseaux et d’animaux de toutes sortes, et aussi de brocanteries. Puisque j’ai perdu à Montréal mon canif suisse si utile, j’ai acheté une copie (non-illégale, puisque non identifiée à la marque originale) évidemment de moindre qualité; le type m’en demandait 14$, j’ai offert 3,50$ fermes et je l’ai eu facilement. Je suis certain qu’il ne s’est pas fait avoir… Mais parfois je suis un peu gêné de payer une magnifique chambre à 82$ (elle en vaudrait certainement le triple à Montréal), ce que nous avons d’ailleurs rarement fait dans nos autres voyages, quand on voit avec quoi ils vivent. Mais malgré tout ils sont en général chaleureux, gentils et semblent prendre plus le temps de vivre que les Vietnamiens par exemple. Et sauf pour la croisière, les Chinois constituent la grande masse des touristes dans leur propre pays.
Le soir, nous sommes allés manger dans un beau restaurant, sur deux étages, avec une magnifique cour intérieure où on nous a placés à une table centrale. Personne ne parlait un mot d’anglais et le menu n’était qu’en chinois avec des photos pas mal « stylisées ». Malgré les réticences du garçon à nous servir un plat qu’on croyait être des légumes très épicés, nous l’avons commandé avec du riz, des champignons régionaux et un plat de poulet. Première aventure, il s’est mis à pleuvoir des cordes et on a dû nous trouver une table sur la galerie supérieure; deuxième aventure, le fameux plat de légumes épicés s’est avéré être une salade froide de têtes de poissons; pas mangeable…
Troisième aventure : comme il pleuvait beaucoup, nous avons mis une heure à trouver un taxi libre pour rentrer à l’hôtel.
Vendredi, 23 avril
Quatrième aventure. Nous avions acheté la veille nos billets d’autobus pour Jianshui, une toute petite ville (410,000 hab.) du sud-est du Yunnan. Notre autobus étant à 9 :00 heures, nous ne prenons pas de chance et montons dans le taxi à 8 :00. Nous ne savions pas que le terminus était à près d’une heure de route. Résultat : nous arrivons près du parking du terminus à 8 :55, sans savoir où nous diriger dans ce grand terminus où toutes les affiches sont en mandarin. Heureusement, nous voyons un vieux monsieur qui est porteur et offre ses services; nous lui montrons nos billets, il prend nos valises, nous fait passer la sécurité, et nous dirige vers notre bus qui s’apprêtait à partir. Nous lui donnons 10¥uan (1,40$CAN), il est tout sourire et nous aussi.
Après trois heures de route, arrivée dans nôtre hôtel incroyable qui est aussi un musée; une ancienne demeure d’une famille impériale en exil sur un seul étage : 240 pièces, 23 cours intérieures, une trentaine de chambres à louer (mais peu le sont), des sculptures, des plantes, des bonzaïs partout, un grand étang. Une chambre petite, mais tout confort… et classique avec cependant la connexion internet. Et la tranquillité nous permettant de nous reposer entre nos excursions. Pour l’anglais, toujours assez difficile…
Le ZEW FAMILY GARDEN où nous demeurons est situé sur une veille rue animée, très touristique (touristes chinois) mais très jolie. Une bonne partie de la ville est ancienne et magnifique; le grand temple de Confucius y est réellement une merveille.
Samedi, 24 avril
Le matin, nous avons réquisitionné un taxi (un peu plus de 10$CAN pour 3,5 heures) et nous sommes allés voir deux merveilles. Une veille ville Tuanshan, peu rénovée, mais très authentique. Et au retour, le pont du Double Dragon, une merveille architecturale et esthétique.
Et puis une journée paisible : lecture, écriture, dans notre cour intérieure, petites ballades à pied, souper… Et avec Skype, nous avons acheté 14$CAN de communications et nous avons pu avoir chacun une longue conversation avec nos mères, le tout pour voir baisser cette réserve à 12,95$. Les merveilles de l’informatique qui font que même à 12 heures de décalage horaire, nous sommes sans cesse en contact avec les nôtres…
Dimanche, 25 avril
Petite arnaque avec un chauffeur de taxi ce matin pour nous rendre à une magnifique grotte à 30 kilomètres d’ici; remarquez que malgré tout, nous avons probablement payé le tiers de ce qu’aurait coûté la même excursion avec un « tour », et nous nous sommes évité les longues visites des boutiques d’artisanat. La caverne (La Grotte aux Hirondelles) est immense et magnifique (1/2 kilomètre et trois magnifiques salles au fond desquelles coule une rivière). L’immense ouverture de cette grotte où voltigent des myriades d’hirondelles est absolument époustouflante, et même vertigineuse à contempler. Pas énormément de visiteurs à l’heure où nous y sommes allés; la visite est exténuante, puisque nous avons d’innombrables marches à monter et descendre dans une chaleur quand même tropicale. Marie a réussi à nous assurer un retour en barque, même si nous n’avions pas payé pour cela au départ. Ils ont du avoir pitié d’une pauvre grand-mère exténuée…
Deux petites remarques qui se confirment sur la Chine; je ne me rappelle plus qui nous avait dit que c’était sale, mais dans toutes les villes petites et grandes que nous avons vues, la propreté est exemplaire, sauf peut-être dans les campagnes. A côté, Montréal ressemble souvent à une porcherie… Et il semble que l’habitude de cracher partout soit disparue depuis peu (sauf dans les campagnes). C’est le bon côté de ce peuple discipliné que de se plier ainsi facilement à de nouvelles règles; le revers, c’est la quasi absence d’art nouveau, moderne… La créativité est un peu écrasée par la débrouillardise pragmatique.
Et les gens sont sympathiques et même chaleureux; pas obséquieux pour deux sous contrairement à l’image du chinois à tresse que nous avions lorsque nous étions jeunes. Ils sont fiers de leur pays et heureux que nous ne visitions. Ils sont toujours prêts à nous aider, et refusent presque toujours les pourboires, sauf dans les hôtels et resto de touristes étrangers.
Nous avons finalement réussi à bien manger sans plus comprendre les menus, car nous avons trouvé dans un de nos dictionnaires la phrase suivante écrite en chinois : « What do you recommand for dinner ? ». Nous avons ainsi très bien mangé dans un restaurant ethnique de Jianshui. Mais par contre, finie l’aventure culinaire. Enfin, elle est un peu moins hasardeuse…
Lundi, 26 avril
Finie l’aventure ? J’ai parlé un peu trop tôt : trois heures ( pour 120 kilomètres) d’un petit autobus prévu pour 20 personnes mais en transportant 5 ou 6 de plus avec leurs bagages, dont nos 2 grosses valises ( car il n’y a pas de soute). Un route de montagne vertigineuse, souvent défoncée, surplombant pendant 20 kilomètres d’affilée un abîme de plus de 1000 mètres et des paysages à couper le souffle. Évidemment, nous sommes les seuls occidentaux et personne ne parle l’anglais. Et en arrivant, un autre 30 kilomètres de taxi jusqu’à notre petit village de Xinjhe (Yuanyiang) à 1800 mètres d’altitude, à flanc de montagne.
Nous avons opté pour un petit hôtel familial où les hôtes féminins sont forts gentils (les hommes ne foutant rien), mais comme tout le monde ici sont incapables de dire ou comprendre un mot d’anglais. Mais un climat agréable, une chambre avec une terrasse dominant les rizières et les montagnes environnantes, et la tranquillité du côté jardin seulement, puisque l’arrière de notre chambre donne sur le terminus local d’autobus. Et une particularité que nous n’avions pas encore vue dans nos pérégrinations précédentes : une toilette à pédales, cela va même si ce n’est pas très confortable, c’est au moins hygiénique. Mais une douche accrochée au mur qui donne au-dessus de la toilette à pédales qui nous oblige à nous installer une jambe de chaque côté du trou de la toilette pour se doucher ?. L’Aventure enfin !…
C’est une des localités chinoises où cohabitent le plus de minorités ethniques et elles y sont avec leur beaux costumes traditionnels. Nous venons de conclure un arrangement pour demain : une voiture (avec chauffeur) toute la journée (40$CAN), et une jeune guide parlant un anglais « potable » en avant-midi pour 13,50$CAN qui nous fera entre autres visiter certains de ces villages. A ce prix, nous avons décidé de ne pas tenter l’aventure du taxi par nous-mêmes comme nous le faisons généralement. Elle est charmante d’ailleurs… et enceinte de huit mois. Elle nous a conseillé une foule de petites choses, dont un restaurant que nous connaissions pour y être allés ce midi et dont nous soupçonnons, pour l’y avoir vue ce soir, qu’elle est de la famille des propriétaires (!!!).
L’aventure avec un petit « a » si nous comparons au voyage qu’ont fait il y a une quinzaine d’années nos amis Monique et Jacques. Mais tellement plus agréable que les « aquariums » à touristes…
Orage bref mais violent ce soir; nous nous sommes faits surprendre alors que nous venions d’acheter des pâtisseries dans une petite échoppe; la dame a insisté pour que nous demeurions chez elle pendant l’orage alors qu’elle a du fermer la devanture pour se protéger de la pluie. Quand on vous parle de leur gentillesse…
Mardi, 27 avril
Un peu désolant ce matin de se lever à près de 2000 mètres d’altitude, devant une vallée à 1500 mètres, et entourés de montagnes de plus de 3000 mètres, avec un brouillard qui nous empêche de voir à plus 10 mètres devant nous. Nous rejoignions notre guide qui arrive avec un taxi conduit par un jeune. Et nous partons pour un village où se tient aujourd’hui le marché hebdomadaire.
Toujours le brouillard dans un des plus beaux marchés que nous ayons vus (avec ceux du Chiapas et du Guatemala); des femmes Hani habillées en noir et bleu, des femmes Yi vêtues de vêtements éclatants de couleurs vives et d’autres ethnies, des fruits et des légumes de toutes les sortes (souvent inconnus de nous), des animaux vivants, des cris, mais surtout de la bonne humeur.
Et ensuite la visite sous un ciel ensoleillé de magnifiques rizières en terrasses, des points de vue sublimes, des marches bucoliques, avec notre guide qui nous donne de nombreuses explications malgré son anglais déficient. Puis la visite assez quelconque d’un village Hani où nous apprenons cependant que les femmes travaillent très fort, mais que les hommes passent parfois les journées à fumer et à boire. Nous rencontrons d’ailleurs un groupe de joyeux lurons qui reviennent un peu éméchés du dîner. Un problème chez les minorités ethniques en Chine comme chez les autochtones chez nous, mais il semble que les femmes ne soient pas touchées ici.
Je vous fais grâce d’un accrochage avec la guide que nous avions pris; nous sommes partagées entre la tentative d’arnaque et l’incompréhension due à son anglais déficient; pour tout vous dire, en Chine je passe pour un parfait bilingue, sans blague. Je me débrouille bien, et je peux facilement tenir une conversation courante, mais quand même…
Et puis, le moment béni : en après-midi, nous sommes allés voir d’autres rizières en terrasses encore plus impressionnantes que celles du matin si c’est possible. Ces terrasses s’étendent sur des montagnes de 3000 mètres, entre environ 2200 et 1000 mètres, soit le fond des vallées. Elles datent de 2000 ans et elles sculptent les montagnes; les Hani les ont construites et continuent de les travailler. Tout se fait à la main, ou avec des bœufs pour le labour de profondeur. Hommes et femmes y travaillent d’arrache pied, même si les jeunes semblent peu présents.
Marie et moi sommes allés nous promener seuls en escaladant les collines et marchant sur les remblais qui entourent chaque petite rizière. Le soleil de fin d’après-midi se reflétait sur toutes les rizières inondées, tranchant avec le rouge de la terre et le vert tendre des rizières où les pousses étaient plus vieilles. Un calme, une beauté qui nous inondaient, une plénitude rarement ressentie… Je ne sais pas si j’ai jamais vu autant de beauté dans la nature; le Grand Canyon peut-être… Mais contrairement à ce dernier, la nature y a été modelée par l’homme et la puissance y est remplacée par un sentiment de paix indicible.
Mercredi, 28 avril
Sept heures d’autobus avec un chauffeur toujours au cellulaire même dans les montagnes, et qui, avec son contrôleur, fumait comme une cheminée. La Chine sent la cigarette… Mais nous en faisions autant il n’y a pas 30 ans…
Jeudi, 29 avril
L’aventure… la journée commence mal. Après de fausses indications de nos guides livresques sur le terminal d’autobus à rejoindre pour prendre un autobus pour Shilin, « La forêt de pierre », site classé dans le patrimoine mondial et une fuite pour se débarrasser de « touts » qui voulaient nous vendre des tours bus pour y aller, nous nous faisons un peu bousculer au moment de prendre un autobus de ville pour rejoindre ce terminus. Un pick pocket en profite et me pique mon portefeuille; je m’en rends immédiatement compte, mais qui est-ce ? Je demande à tout le monde de se mettre tout nu ? Je n’y peux rien.
Heureusement, j’avais mis à l’abri mon passeport, ma principale carte de crédit et mes réserves en argent américain. Je perds environ 600¥uans (85$CAN), une carte de débit dont je ne peux me servir en Chine, une carte de crédit dont je ne me sers pas, mon permis de conduire et ma carte soleil. Plus de troubles au retour que de mal maintenant, surtout que j’ai pu appeler au Québec pour faire annuler les cartes.
Mais il a fait une journée magnifique alors que nous nous sommes perdus dans cette forêt de pierres, immenses menhirs naturels de parfois 30 mètres, dans une végétation souvent luxuriante. Là non plus, nous n’avons pas pris de guide et nous avons erré pendant trois heures magnifiques loin des hordes, passant par des souterrains si étroits que nous devions nous accroupir pour passer, grimpant des terrasses superbes, seuls au bout du monde… Vite oubliée la question du portefeuille.
Et le soir souper dans un resto kitch au possible où était présenté un spectacle de danses ethniques d’une inégale qualité, du meilleur au pire. Mais notre table surplombait la grande salle avec les tables où étaient regroupés les convives d’un mariage qui a eu lieu quelques minutes avant le spectacle; la mariée était superbe, le marié avait une belle prestance et les familles immédiates étaient très bien mises. Mais les amis et la parenté étaient pour le moins « casual ». Mais là aussi, très intéressant…
Je ne sais comment il se fait que les époux étaient encore debout, car ils ont du faire le tour d’une vingtaine de grandes tables en y s’y arrêtant à chaque fois pour un toast genre « cul sec ». En fait, les chinois ne me semblent réellement pas de bons candidats pour l’islam tant du côté de l’alcool, que du sexe permissif…