La légendaire rivière Li

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Vendredi, 30 avril
Nous avons longuement conversé avec Maude, Patrice et Victor ce matin, merci à Skype.  Au moment de quitter, nous avons dit à Victor que nous l’embrassions et désirions de sa part un bisou et un gros câlin; Maude nous a dit qu’il a alors pris le récepteur  du téléphone et qu’il l’a serré contre son cœur.  Nous fondons…
Nous avons quitté notre merveilleux hôtel sans regret; depuis que nous sommes en Chine, la règle générale veut que la gentillesse et la serviabilité du personnel dans un hôtel soit inversement proportionnelles à leur nombre d’étoiles. Les exceptions étant notre hôtel cheap à Yunyiang où les hommes avaient l’air bêtes et paresseux, et notre superbe appartement Citadines à Chongqing où le personnel était très attentif et chaleureux.
Nous arrivons l’aéroport de Guilin où nous un attend un chauffeur qui nous amènera à notre hôtel à Yangshuo.  Merveilleux petit hôtel tenu par un couple hollandais dans une ancienne ferme transformée; la cour intérieure en longueur est bordée par une colline en pain de sucre à chaque extrémité.  Le personnel est gentil et les autres touristes aussi dans l’ensemble, même s’ils sont tous occidentaux.  Beaucoup d’entre eux travaillent à Shanghai et sont venus passer la semaine de congé du 1er mai.
Bonne bouffe aussi et chambre correcte, très propre.
Samedi, 1er mai
Une ballade en vélo qui s’annonçait très agréable devient un autre de ces moments de grâce inattendus.  Nous suivons le cours du Yulong, petit affluent du Li; nous le traversons tout d’abord sur un radeau de bambou avec nos vélos.  Et là, une ballade magnifique parmi ces pics merveilleux qu’on voit dans les documentaires de National Geographic ou dans les films chinois.
Nous roulons sur de petits sentiers parfois très étroits et difficiles (digues entre les rizières), assez déserts, parmi les fermes, les cultures de toutes sortes encadrées par les pitons de calcaire couverts de végétation, sur les bords d’une rivière qui coule paresseusement, sauf en amont de petites digues échelonnées régulièrement pour assurer un niveau d’eau minimum.
Nous arrivons à un  pont médiéval en dos d’âne (un des innombrables « Pont du Dragon », l’équivalent de nos « Lac à la Truite ») d’où partent des  excursions en radeaux de bambous fort prisées des touristes, chinois ou autres.  De futurs mariés se promènent sous le pont pour les photos traditionnelles, un peu plus loin un vieux sur son radeau donne une démonstration de la pêche au cormoran, tout cela sans que personne ne nous importune.  Et c’est le retour par un sentier différent sur l’autre rive, parfois plus large, et parfois encore plus difficile que le premier.  Un peu plus de gens cependant….  En tout, une ballade lente d’un peu plus de 20 kilomètres sur un parcours cependant plat, mais bordé de pics verticaux.
Et le soir, une ballade et un souper à Yangshuo parmi des multitudes de personnes, qui font contraste avec la quiétude de notre hôtel en campagne.  Bonne bouffe locale, pas très coûteuse, comme c’est généralement le cas en Chine.
Pour le reste, nous sommes loin aujourd’hui des grandes démonstrations du 1er mai du temps du grand timonier.  Nous fêtons plus les gros sous…
Dimanche, 2 mai
Nous partons en taxi pour Yangdi y prendre une barque pour la célèbre descente du fleuve  Li jusqu’à Xingping, son parcours le plus majestueux.  Avant de nous embarquer, nous allons aux WC : ouf!!!  Nous sommes pourtant habitués aux toilettes de toutes sortes, mais celles-là approchaient le record.  C’est peut-être l’inconvénient majeur des voyages non-organisés que de nous rendre souvent dans des lieux d’aisance un peu dégoûtants. Mais ce ne sont  en fait que de brefs moments désagréables par rapport à d’innombrables moments d’émerveillement.
Et la ballade sur le fleuve Li est un de ces grands moments.  Évidemment, à cause du congé, les barques, qui le sillonnent, pullulent.  Mais les décors sont incroyables, encore plus merveilleux que tout ce que nous avions imaginé.  Et le soleil éclatant rend tout encore plus magique, même si le ciel demeure légèrement  laiteux…
A près une heure de descente (un malentendu nous avait fait croire que c’était plus long) dans notre petit bateau dont nous sommes les seuls passagers, nous arrivons à destination où le terminus d’autobus pour nous ramener à Yangshuo devait être à 10 minutes de marche; il s’est avéré que cette marche  était presqu’aussi longue que la ballade en bateau, sous un soleil écrasant.  Tout ne peut-être parfait en ce monde…
Et après un après-midi à l’ombre des arbres de la terrasse de notre hôtel, nous nous préparons à aller au spectacle son et lumière, où figurent plus de 600 acteurs, et qui a été mis en scène par le célèbre réalisateur chinois Zhang Ymou, le Robert Lepage chinois.
Le spectacle est féerique, une magie de jeux de couleurs et de danses sur la terre et sur l’eau, devant les pics de calcaire.  Mais les spectateurs chinois sont très bizarres : ils ne cessent de parler pendant le spectacle (très coûteux pour eux et pour nous aussi d’ailleurs) et partent avant la fin en groupes serrés.
Lundi,  3 mai
Très longue ballade en vélo, avec  une petite partie en radeau sur le fleuve Li.  Nous nous sommes perdus de nombreuses fois dans les petits chemins de campagne sous une chaleur écrasante. Mais nous avons fait un peu mieux connaissance avec la Chine rurale traditionnelle, et surtout nous nous sommes promenés parmi des paysages idylliques.
Peut-être aurions-nous du prendre une guide pour nous guider parmi ces petites routes, mais je les trouve toujours un peu envahissantes, souvent plus pressées de toucher leur paie que soucieuses de nous satisfaire..
Nous quitterons avec regret ce petit oasis dans une magnifique campagne qu’est notre auberge, The Giggling Tree.  Bien sûr, ce ne sont que des occidentaux qui habitent ses 18 chambres, mais le personnel est gentil et l’atmosphère très convivial.  Aujourd’hui est arrivé tout un groupe d’hollandais avec leurs enfants, dont au moins un est d’origine chinoise; les petites chinoises adoptées ne sont pas que québécoises, et elles viennent probablement faire connaissance avec leur pays d’origine.  Surprise, il y avait quelques garçons dans le groupe d’enfants d’origine chinoise.
Mardi,  4 mai
Température tristounette…  Pluie et brouillard.
Nous atteignons Guilin après 1 :30 d’autobus parmi de magnifiques paysages.  Nous avons une superbe  chambre avec vue sur un des beaux lacs de cette ville très belle; mais nous sommes dans un hôtel de congrès sans aucun charme, et la salle à manger, que nous devrons fréquenter pour les petits déjeuners, nous porte à craindre qu’un conférencier ne vienne nous faire une présentation pendant notre repas.
Longue promenade sous la pluie dans un des merveilleux parcs de la ville, au pied de notre hôtel.  Le soir, nous sommes allés souper dans un restaurant de cuisine Sichuanaise, malgré les  protestations de notre chauffeure de taxi qui voulait nous entraîner dans le resto voisin où elle avait probablement sa commission; mais elle a fait amende honorable et nous a finalement conduit au bon restaurant.  Pendant notre repas, les poissons sautaient hors de leurs bacs alignés sur le trottoir; inutile de vous dire que le nôtre était très frais.  Par ailleurs, nous avons résisté bravement à l’offre de consommer un des  serpents vivants que les serveurs transportaient à la cuisine…  La Chine moderne reste quand même la Chine : la rue de restos où nous étions différait donc légèrement de la rue Duluth.
Mercredi,  5 mai
Encore une journée tristounette, avec une matinée très pluvieuse.  Nous en avons profité pour travailler sur des dossiers, Marie sur des textes à lire et commenter, et moi sur la révision finale du chapitre dont j’ai la charge dans le bouquin « La convention collective au Québec ».  L’internet a ses bons côtés, mais aussi ses moins bons comme celui de maintenir un cordon ombilical avec le travail.
La pluie a cessé en après-midi, et notre travail aussi.  Il faisait gris, mais nous sommes allés visiter une couple des parcs de cette magnifique ville, et nous y avons gravi les marches innombrables, dans un escalier vertigineux, nous permettant d’atteindre le sommet d’un pic. Malheureusement, si belle soit-elle, Guilin souffre de la comparaison avec nos merveilleuses ballades en vélo dans les environs de Yangshuo.
Si c’était à refaire, nous demeurions une journée de plus à Yangshuo, écourtant notre séjour ici d’une journée.  Mais le congé de la longue fin de semaine du 1er mai nous forçait à tout réserver d’avance pour cette partie  de nos pérégrinations.
Jeudi,  6 mai
Encore pluvieux et gris.  Et il fait très chaud…
Petite ballade pour trouver un guichet automatique;  il y en a partout, même dans les petites villes reculées come Yuangyang où les guides disaient qu’il n’y en avait pas.  Ils poussent comme des champignons; si vous venez en Chine, inutile de vous munir d’argent comptant (je reviendrai avec mes 200$US) et encore moins de chèques de voyage, car lorsqu’il n’y a pas de guichet, ils prennent encore moins les chèques de voyage.
Nous avons pris un arrangement avec notre chauffeure de taxi préférée (toujours la même depuis le resto) pour aller visiter un vieux village millénaire, sans cesse rebâti de la même façon et à la même place, comptant 800 habitants ayant tous le patronyme de Zhou, soit  le village de Yangthouzhou.  Le problème ne fût pas la négociation du tarif avec la chauffeure, mais bien de trouver ce village.  Beaucoup de consultations avant de partir, car évidemment elle ne voulait pas perdre les 180 huans  (30$CAN) que je lui avais consentis pour les 3 heures de travail : aller, retour et attente d’une heure sur place.  A Guilin, la course normale est de 7 yuans, et elles sont souvent très longtemps en attente d’un client près de l’hôtel.
Finalement, elle finit par comprendre où se trouve ce mystérieux village qui semble inconnu de tout le monde à l’hôtel mais qui est bien recommandé par Lonely Planet.
Nous y arrivons, et elle devient soudain aussi émerveillée que nous devant la beauté de ce petit village ancien, demeuré intact à travers les âges, entouré des merveilleux pitons rocheux qui caractérisent la région.  Elle nous a accompagnés pour notre tour.  Le plus comique fût la grande salle communale, un peu en besoin de restauration, où trônent les portraits de Mao avec à sa droite Chou-en-Lai et autres, et à sa gauche Staline, Lénine, Marx et je crois Engels.  Notre chauffeure les connaissait tous…  Dans les campagnes, Mao  demeure un idole, le père de la patrie.
Par la suite, petite ballade en bateau parmi les lacs qui parsèment Guilin; malgré le temps maussade, nous avons pu percevoir que Guilin est une très belle ville.  Nous aurions dû commencer par cette ville et terminer à Yangshuo; elle aurait moins souffert de la comparaison assez injuste.  Mais les impératifs du congé du 1er mai en termes de transport et de logement m’avaient forcé à aller d’abord à Yangshuo pour y demeurer plus longtemps.  Avis aux futurs voyageurs vers l’Empire du Milieu.
J’écris ces notes alors que nous attendons notre avion pour Shanghai où nous arriverons pour la dernière et plus longue étape de notre voyage vers minuit.
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