2 février
(photos à la fin)
Arrivée un peu particulière à Buenos Aires. J’avais réservé une voiture pour nous recevoir à l’aéroport; plus cher que le taxi, mais après 24 heures de vol et d’aéroport, un petit luxe. Le chauffeur (Firmin) qui nous attend avec une pancarte à mon nom parle un excellent français. Je monte à l’avant pendant que Marie prend ses aises à l’intérieur et qu’il va payer le stationnement. Surprise, dans la tablette devant moi un petit étui au sigle de la CSN !
Firmin a vécu 16 ans à Montréal, président de l’association des artisans et habitué du Salon des métiers d’art (bijoux), en contact quotidien ou presque avec son grand ami Aldo Miguel Paolinelli, président de la CSN-Construction et ancien militant de gauche argentin, torturé sous la dictature militaire et exilé depuis au Québec. Firmin a aussi rencontré des gens de la CSN, dont Jacques Létourneau lors de leur dernier passage pour célébrer la fondation d’une nouvelle centrale syndicale s’opposant à l’institutionnelle CGT péroniste. Un hasard, mais que le monde est petit ! Ou comme me l’a suggéré Véronique, peut-être que l’empire (familial) s’étend…
Appartement agréable et très calme dans le quartier chic de Buenos Aires, la Recoleta; plein de magasins et restos tout près.
3 février
Levés frais et dispos; merci encore au tout petit décalage… Mais Marie a dû travailler pendant près de 3 heures cet avant-midi; le PC et le Wifi, ce n’est pas toujours très agréable. Visite du Cimetière de la Recoleta: une orgie de monuments funéraires extravagants. Les richissimes porteňos de bonnes familles, parmi lesquels une foule de militaires morst évidemment pour la patrie, souvent assez vieux dont un en 1931 à l’âge de 100 ans; je gagerais qu’il a courageusement survécu 75 ans à tous ses troupions. A côté de ces monuments impressionnants, celui où est enterré Évita semble humble, perdu d’ailleurs parmi une foule d’autres de la même sobriété. Pour ceux qui ont lu « Santa Evita » de Tomás Eloy Martínez, on comprend; on voulait éviter sa sanctification politique… Dîner dans le coin dans un café cher, mais avec une terrasse sous un arbre immense; une folie de début de voyage. Visite de la lbrairie El Ateneo Grand Splendid dans un vieux cinéma, avec aussi un très joli café: la plus grande du monde, la FNAC et Renaud-Bray peuvent aller se rasseoir.
Retour en flânant et piscine en arrivant. La gosse misère dans cette ville combien agréable…
Tour de ville en autobus pour avoir une idée plus globale : Buenos Aires est une magnifique et chaleureuse ville. Mais c`est aussi une copie un peu édulcorée de grandes villes européennes avec ses multiples monuments, son obélisque à la Concorde, ses galeries à la Victor-Emmanuel, etc… Et même américaines avec son Palais du Congrès copié dur le Capitole à Washington.
Nous avons dû aujourd’hui prendre une couple de décisions : le Futball venant en conflit avec de nombreuses activités culturelles du dimanche, et ne passant qu’un dimanche ici, on laisse tomber… Nous voulions aussi aller lundi visiter la ville coloniale de Colonia del Sacramento en Uruguay; un peu cher à près de 300$CAN pour le seul « ferry ». Nous préférons vivre un peu plus Buenos Aires la ville agréable et remettre la visite d’une ville coloniale, site Héritage de l’Unesco, lors de notre passage à Cordoba.
Journée culturelle. Visite du Museo nacional des Bellas Artes. Quelques belles toiles impressionnistes, dont Manet, Degas, et autres; et puis Rodin, Picasso, etc.. Et de belles œuvres espagnoles des XVI et et XVII que nous connaissons peu; une magnifique collection d’œuvres argentines aussi. Pour le précolombien, c’est à l’image de la place qu’ont les amérindiens dans cette société; c’est minuscule et mal fait… Mais, pour le reste le musée fait un peu « pays en voie de développement »; il aurait grand besoin de sérieuses rénovations, même s’il vaut amplement la visite…
Au retour, promenade parmi les jardins de la Recoletta, les expositions d’artisanat et les apprentis acrobates et jongleurs. Paisible et agréable…
Et puis l’autre culture… Le tango dans San Telmo, les milongas de la place Corrego et la magnifique musique d’un temple du tango, El Viejo Almacen, avec danseurs et chanteurs à l’avenant. Magnifique soirée, même si pour l’essentiel la salle est remplie de touristes, argentins et autres. Nous avons trouvé que la musique est surtout belle, nostalgique et poignante lorsqu’il n’y a pas de ces magnifiques couples de danseurs sur la scène, car lorsqu’ils y sont le rythme devient beaucoup plus rapide. Mais ces danseurs sont parfois dignes du Cirque du Soleil.
Pour la première fois, nous nous sommes donc couchés après minuit; bizarre de voir cette ville la nuit avec plusieurs couples déambulant avec des jeunes enfants. Décidément pas le même horaire qu’à Montréal; d’ailleurs, nous sommes allés souper dans le quartier avant le spectacle, car le repas d’ El Viejo Almacen est cher et pas très bon semble-t-il. Et nous n’étions que des touristes à 9 :00 heures p.m.; trop tôt pour les porteňios…
6 février
Petit déjeuner au Café Tortoni, vieux de plus de 150 ans. Décor
chic, mais ils limitent les entrées non au nombre de tables disponibles, mais au nombre de serveurs disponibles. Chanceux d’arriver avant un car de touristes…
Puis longue promenade dans le marchée en plein du dimanche à San Telmo. Une foule incroyable, mais c’est réellement une ville agréable; les gens ne se bousculent pas, ne sont pas très pressés. Toujours prêts à nous aider. Beaucoup de kiosques hétéroclites de pacotille chinoise, mais aussi des vêtements, des antiquités, et des objets d’artisanat parfois très jolis et généralement de bon goût, mais rarement originaux.
Buenos Aires n’est pas tant une ville à visiter et à parcourir comme Shangaï, Beijing ou Hanoï pour ne nommer que les dernières que nous avons visitées, mais une ville où déambuler lentement, une ville d’atmosphère (peut-être un peu comme Montréal d’ailleurs). Il ne faut pas se méprendre; c’est une plus belle ville que Montréal, mais il n’y a pas de monuments justifiant à eux seuls un voyage; il faut venir pour y vivre à son rythme.
7 février
Temps gris avec petite pluie les deux prochains jours… Même si c’est préférable vivre une telle météo en ville qu’en Patagonie, un peu tristounet. Visite du quartier branché Palermo Viejo : ne vaut pas le déplacement, un Plateau luxueux sans le charme de San Telmo. Et en soirée, repas et spectacle à la Peňa del Colorado, petit établissement sympa qui a vu s’y produire Mercédès Sosa. Au programme, une jeune chanteuse énergique avec son orchestre, très bonne dans le flamenco, mais qui manque un peu de maturité pour les chansons plus graves ou mélancoliques. Nous y avons « expérimenté » la bouffe traditionnelle gaucho et amérindienne; on repassera, quoique beaucoup d’argentins semblaient apprécier. Petite anecdote : dans ce petit établissement d’une cinquantaine de places, il y avait un groupe de 15 touristes suisses, des argentins et nous. C’était presque plein, ce qui est notable pour un lundi soir; or, les suisses se sont levés après 30 minutes de spectacle et sont partis. Il fallait respecter l’horaire suisse ? Pas capables d’attendre la pause ? Vive le tourisme en gang !
8 février
Dernière journée à Buenos Aires.
Visite tout d’abord ce matin du Theatro Colon : en fait, c’est la première journée de visites touristiques depuis sa fermeture en 2006; et comme nous sommes en été, la salle est en « vacances ». Plus que le décor très riche et classique « Europe », l’histoire était intéressante grâce à une merveilleuse jeune guide (en anglais, car notre espagnol est plus difficile, même pour Marie qui se débrouille pourtant assez bien). L’histoire d’un pays marqué par une très riche aristocratie et une masse laborieuse très pauvre; c’est « Santa Evita » Perron qui a, la première, ouvert ce théâtre pour des spectacles populaires les lundis, au grand dam de l’aristocratie locale.
Puis visite justement d’un magnifique musée privé, le Musée de la collection d’Amelia Lacroze de Fortabat : de superbes peintures argentines, et entre autres, un extraordinaire Chagall. Et retour à note appartement pour préparer notre départ de demain et pour se payer une bonne bouffe de fruits de mer ou poissons dans un chic resto italien du coin. Le poisson y était superbe ( la facture à l’avenant), et le vaste resto plein un mardi soir !
Magnifique ville, mais il est temps de partir; pas assez de dépaysement malgré tout. C’est rare, mais je n’ai pas cette sensation de partir trop tôt alors qu’il reste tant à voir, comme il se passe si souvent lorsqu’on quitte une ville qu’on vient de visiter et qu’on a aimée; peut-être que la ville a un certain manque de caractère aussi. Une ville comme Montréal, pour y vivre… Qu’on ne se méprenne pas : je suis heureux d’avoir visité et mieux connu cette ville, mais je suis quand même rassasié pour le moment.
Album-photos: (utiliser diaporama pour photos pleine grandeur)


