Patagonie : Parque nacional de los Glaciares
9 février
Petit voyage en avion vers le sud d’environ trois heures; nous avons dû attendre vingt minutes sur la piste un passager en retard. Autre pays, autres mœurs…
Après avoir survolé pendant deux heures et demi le désert, nous descendons au-dessus des grands lacs, des glaciers et des pics des Andes. Dépaysant et époustouflant.
Très dépaysant aussi l’arrivée à El Calafate, petit St-Sauveur cheap construit un peu n’importe comment dans la plaine entre le désert, le lac et les montagnes; c’est loin de la parisienne Buenos Aires. Nous sommes dans une petite auberge avec vue sur le Lago Argentino où le sympathique proprio italien parle un excellent français. Immédiatement, nous partons vers « el centro » pour réserver nos excursions pour nos deux prochaines journées, car la température semble se gâter par la suite; il est presque neuf heures du soir, mais c’est l’heure de grande activité en Argentine, d’autant plus qu’ici il fait clair jusque vers 10 :00 heures. Après quelques péripéties avec notre espagnol (Marie et moi étant mariés, sachez que son espagnol fait partie du patrimoine familial !), nous réservons pour demain une journée en bateau sur l’immense lac pour y visiter les glaciers. Il est étonnant de voir tant de touristes hispanophones; la distance et le coût du transport m’avait porté à croire que seuls les riches argentins pouvaient se permettre de venir ici. Et il faut souvent se débrouiller en espagnol pour les services, car l’anglais n’y est pas si fréquent. Mais les gens sont gentils et aidants…
Puis nous allons souper. Nous trouvons un resto pas trop loin, et nous mangeons assez bien. Un mot sur la bouffe. Nous mangeons bien, mais sans plus, sauf une couple de fois dans des restos chics et chers. Pour moi, leur bouffe est constituée soit de viandes rôties très bonnes, ou de pâtes et pizzas. Jamais original, et on se lasse… Rien à voir avec la délicieuse mais simple cuisine vietnamienne, ou l’incroyable cuisine chinoise. Un peu sans âme comme dans le Cambodge touristique ou à Bali.
On ne meurt pas de faim, mais rien pour s’éclater… Et ici, les prix sont plus élevés; nous sommes dans le fin fond de la Patagonie, et en pleine saison touristique. Tout est cher, sans atteindre cependant les prix européens ou nord-américains. Notre budget basé sur nos récentes expériences asiatiques est quelque peu malmené.
10 février
Splendide croisière de 7 heures sur le lac, à visiter de près de magnifiques glaciers. Le matin, nous avons failli rater notre bateau, car après être sorti de notre minibus pour payer l’entrée du parc, nous nous sommes dirigés vers le mauvais quai. Nous avons dû courir pour rejoindre notre navire pour le départ. Notre faible espagnol, leur mauvais anglais et les aléas des voyages « sac à dos », « on our own » comme disent les anglos.
Même s’il fait une merveilleuse température de 24C° à El Calafate, c’était froid sur le pont supérieur, et même glacial lorsque nous étions à proximité d’un des glaciers qui plongent dans le Lago Argentino. C’était une chance, car le bateau de 200 places assises était plein jusqu’au dernier siège que nous devions occuper au départ et à l’arrivée; Marie et moi étant quand même probablement un peu moins sensibles au froid que la majorité des passagers à bord, nous avons pu sans peine passer toute l’excursion avec les meilleurs points de vue du pont supérieur. Nous nous sommes fait un peu brûler le visage par le soleil et le vent cependant. Sur ce point, les Argentins sont plus doués…
Parmi les plus beau paysage que nous ayons vus : le lac émeraude, parsemé d’icebergs d’un blanc éclatant et d’un bleu irréel, des pics enneigés et des glaciers énormes, écrasants. Et comme ce sont parmi les rares glaciers dans le monde qui se maintiennent, ils continuent à vivre et la glace qu’ils rejettent, plus récente que celle des glaciers nord-américains ou européens, est étonnamment propre. Époustouflant de voir ces mers de glace si blanche et bleue; et, du navire, ces immenses murailles qui se jettent dans la mer.
11 février
Autre magnifique journée. Nous sommes allés au glacier Perito Moreno que nous pouvons admirer tout près d’une passerelle. Marie est retournée pour un petit tour de bateau près du glacier avant de venir me rejoindre à l’immense passerelle qui longe une face du glacier. Nous avions choisi d’y aller en après-midi, car il y a moins de monde. J’ai passé près de 4 heures à contempler et à écouter le glacier qui craque avec des bruits assourdissants, même parfois pour une petite chute d’un minuscule morceau de glace ou pour un effondrement à l’intérieur d’un pic de glace. Imaginez lorsque des pans de glace s’écroulent; j’ai eu la chance d’en voir et d’en photographier quelques-uns. C’est un spectacle extraordinaire, puissant… Et dans le cas de ce glacier, il reprendra toute la place ainsi perdue cet hiver; c’est le premier glacier qu’on voit de près et qui n’est pas en récession… Ce n’était pas le cas en Europe, au Canada ou en Alaska..
12 février
Compte tenu de la température annoncée, nous avons décidé d’écourter de 4 à deux jours notre séjour à El Chalten. Longues démarches ce matin à l’agence où j’avais fait les réservations pour les deux jours d’autobus (et la nuit d’hôtel entre les deux) du voyage de El Chalten à Bariloche. La jeune fille était très gentille, mais elle ne parlait et ne comprenait que l’espagnol d’une part, et nous lui demandions de faire des choses qu’elle ne fait pas ordinairement d’autre part; ce fût long, mais nous avons réussi avec le vocabulaire du bord; nerveuse, elle parlait à plein débit, ce qui fait que nous ne comprenions qu’une partie de ce qu’elle disait (nous découvrirons le lendemain qu’elle parlait un peu d’anglais mais qu’elle ne savait pas que nous le parlions, réputation que nous avons acquise des français probablement). En outre, elle utilisait des expressions que nous ne connaissions pas. Nous devrons y retourner demain pour nous faire rembourser un hôtel sur ma carte de crédit; elle ne savait pas comment procéder… Mais je l’ai offusquée sans le vouloir en lui offrant un pourboire lorsque nous avons quitté. De toute façon, nous avons par la suite eu certains problèmes à régler à cause de son inexpérience, mais les choses se sont arrangées..
Les pourboires ne sont pas toujours aussi courants et élevés ici, et règle générale nous déclenchons de grands sourires avec les nôtres, pourtant pas très élevés selon les critères de chez nous. Mais nous avons dû paraître « cheap » dans un resto de Buenos Aires, car j’ai confondu les frais de couverts qui vont de 2$CAN à 4$CAN dans les grands restaurants avec « le service compris ». Autant pour notre réputation de québécois chiches !…
Après l’agence, nous sommes allés dans une petite réserve écologique faunique où paissaient des chevaux parmi les bouquets de marguerites des champs et où il y avait plusieurs espèces d’oiseaux, dont de magnifiques flamands roses aux couleurs éclatantes. Un peu bizarre de voir ainsi des flamands roses sur fond de pics enneigés… Et le chauffeur de taxi qui nous y a conduit ne nous comprenait pas; pour lui, il n’y avait rien à voir là et il nous recommandait d’aller plus tôt au Museo del Hielo (Musée de la glace) à côté. Nous lui avons demandé de revenir nous chercher après notre visite, et il était prêt à revenir une heure plus tard; nous avons finalement demandé qu’il vienne 1:30 heure plus tard à son grand amusement, car pour lui c’était là un lieu sans aucun intérêt et nous nous y ennuierions largement. Finalement, nous avons dû nous dépêcher pour visiter, car nous y aurions bien passé deux heures ou plus; et ledit chauffeur n’était même pas là 10 minutes après l’heure. Nous sommes revenus avec un autre taxi dont le chauffeur est un ancien plongeur olympique qui est venu à Montréal en 1976 et qui a beaucoup aimé la ville. El mundo es pequeño…
Pero el mundo es tambien un grande pueblo… À El Calafate, on a donc établi une belle petite réserve écologique dans un terrain « humide »; mais on y construit actuellement sur un de ses côtés une longue digue pour faire, semble-t-il, un port pour les bateaux qui visitent les glaciers; et ce faisant, on comble les fossés qui irriguent naturellement la réserve faunique. Le maire doit s’appeler Vaillancourt… Et ce ne sont pas les chauffeurs de taxi qui protesteront…
Par ailleurs, le côté sympathique des argentins est bien illustré par le comportement de notre serveur ce soir. Nous sommes allés dans un resto recommandé dont une des spécialités est l’agneau de Patagonie à la broche. Nous trouvions les prix un peu élevés, mais le serveur nous a recommandé fortement de ne commander qu’une portion d’agneau pour deux, et nous a déconseillé de prendre trois plats d’accompagnement (petite salade verte, légumes rôtis et papas fritas; les accompagnements sont rarement compris, sauf s’il y un menu du jour) et donc de laisser tomber le dernier. C’est rare qu’on voit dans des lieux touristiques des serveurs nous rendre ainsi service.
Et puis le bel été tire à sa fin ici; ce soir, il doit faire environ 12C° avec un vent qui transperce jusqu’aux os… Ça nous enlève subitement le mal du pays…
13 février
Nous sommes à El Chalten, le trou du cul du monde, perdu dans de grands pics de la Cordilière. Même si nous avons réduit notre séjour de 4 à 2 nuits, ce sera encore trop long; à notre arrivée il ventait tellement que Marie et moi avions de la difficulté à avancer avec nos bagages pour franchir les 400 mètres entre le terminus d’autobus et notre petit hôtel. Nous avons une belle vue de notre chambre et nous avons pu apercevoir des sommets enneigés juste à l’est du village. Ce sera notre seule vue « panoramique », car il a commencé à pleuvoir, nous ne voyons plus rien; pareil demain…
Un petit mot cependant sur les prix différents pour les argentins et les « extranjeros » : souvent, même pour les billets d’avion, du simple au triple. Nous avons connu et facilement accepté ce fait en Afrique, dans les pays arabes du Moyen-Orient, en Inde, au Vietnam, en Chine, mais ce n’était pas aussi élevé. Mais puis-je dire que cela me fait « c… » de la part d’un pays qui se targue d’être l’Europe du Sud, et qui, malgré un niveau de vie inférieur au nôtre, n’est quand même pas dans la même catégorie que les pays précédents. Bon, c’est dit… Et cela n’empêche pas que les gens soient par contre si sympathiques qu’on finit par oublier.
14 février
St-Valentin sous une pluie torrentielle. Les nuages commencent à se dissiper un peu; mais ça va, et surtout ça revient…
Et l’éclaircie en début d’après-midi où nous découvrons finalement un petit village entouré de grands pics enneigés; un instant nous croyons voir le Cerro Torre, où le Cerro Fritz Roy, les vedettes du coins. Mais non, ce sont seulement d’illustres inconnus comme le Cerro Solo; mais, notre déception n’est pas réelle, car le paysage est magnifique, surtout vu de deux collines (de quelques centaines de mètres tout de même) qui surplombent la ville et que nous avons escaladées bravement. Plus haut, j’ai poursuivi seul et bénéficié d’un panorama englobant le désert de la Patagonie qui s’étend à l’est de la Cordilière des Andes. Magnifique excursion entre le beau temps et la pluie. Chanceux tout de même…
Nous sommes ici les vieux, contrairement aux spectacles d’opéra où parfois nous avons l’impression d’être les jeunots de la place. A part un ou deux couples de notre âge, ce ne sont que des jeunes, les plus vieux ayant au début de la trentaine. Il y a des vieux, mais en groupe organisés qui arrivent toujours en gang dans les restos et qui, ayant leurs hôtels et autocars propres, ne partagent pas ceux que nous partageons évidemment avec les jeunots.
Album-photos: (Utiliser le diaporama pour des photos pleine grandeur)
Un résumé du Parque nacional de los Glaciares, d’El Calafate et d’El Chalten:





