De lacs et de montagnes…

Patagonie : Los Lagos

17 février

Petit déjeuner frugal dans la salle à manger très éclairée de l’Hostel  Patanuk, donnant sur le lac Nahuel  Huapi et les montagnes environnantes de Bariloche.  Magnifique décor ensoleillé.  Un petit coup de jeunesse, puisque nous avons l’impression, sauf le fait que nous ayons notre propre chambre, d’être dans une auberge de jeunesse.  Auberge espagnole, multi ethnique-culturelle-linguistique, ou « plurielle » comme diraient les français; mais à part nous et un autre couple, uniformément jeune.  Agréablement animé…

Par la suite, nous nous dirigeons vers les bureaux de l’agence qui nous avait réservé la chambre de la veille à Perito Moreno pour aller la payer.  Petit sourire amusé de la commis que nous rencontrons et qui dit n’avoir jamais rencontré de clients qui insistent pour payer quelque chose…  On aura servi à quelque chose…

Ceci réglé, nous nous rendons au Terminal de Omnibus pour réserver nos sièges sur l’autobus de Mendoza dans cinq jours.  Rien n’étant trop beau pour la classe ouvrière, nous nous payons la première classe avec sièges couchettes-cama (18 heures de trajet, de 15:30 à 8 :00 am), films américains épais et repas; 230$CAN pour deux, pour plus de 1000 kilomètres.  Mais nous épargnons environ 55$CAN d’hôtel, 50$CAN pour le souper et l’avion 800$CAN (qui n’est que de 200$ par vol, mais qui doit faire un très long détour par Buenos Aires qui nous est compté comme un vol).  Rien n’est trop beau pour la classe capitaliste, même d’état…

Et nous prenons un taxi pour un petit port pas trop loin de Bariloche nous a-t-on dit : le chauffeur est très joyeux, puisque ne connaissant ni la distance ni les tarifs de cette ville touristique, il a honnêtement mis le compteur et nous avons fait sa journée.

La ballade en bateau était merveilleuse sur ce lac entouré de montagnes.  Plein de vacanciers argentins en famille.  Des îles, faisant partie d’un parc national magnifique, dont le prix d’entrée pour nous était évidemment entre deux et 5 fois le prix chargé selon que vous étiez des argentins, des gens de la région ou de la ville.  Le milliardaire qui avait acheté une grande île sur ce lac en a fait un jardin extraordinaire, y plantant même au début du XXème siècle une immense haie de séquoias de Californie; je n’ai jamais vue de haie si impressionnante.

Au retour, nous avons pris un autobus de ville rapide même si bondé : 10% du prix du taxi.  Mais nous avons pu constater que même s’ils sont très sympas, le civisme n’est pas le propre des argentins :   un jeune homme s’est levé pour laisser sa place à une femme enceinte, et moi à une dame « traditionnaly built »,  dirait Mcall-Smith.  Des jeunes hommes, des ados étaient assis alors que des femmes de cinquante ans et plus étaient debout devant eux;  je m’ennuyais des jeunes filles de Montréal qui parfois m’offensent en m’offrant leur siège, soulignant ainsi mon état de décrépitude avancée…

18 février

Nous sommes allés chercher notre automobile de location :   une petite Fiat sans AC, contrairement à ce qu’on m’avait dit.  Puis un rapide circuit de lacs et de montagnes qui nous faisaient penser aux paysages de la Mélodie du bonheur en Autriche, et aux anciens films en Technicolor kodachrome aux couleurs si étonnantes.  Il fait un temps superbe, un ciel bleu profond à cause ente autres de l’altitude et de l’absence de pollution dans cette région éloignée des industries.

Puis en après-midi, ascension en trois télésièges du Cerro Catedral.  Dans les sièges, Marie qui n’a pas fait de ski depuis des années a découvert que le vertige s’apprivoise en partie et qu’elle avait perdu cette habitude.  D’en bas, le Cerro Catedral  a l’air assez quelconque; ses 2500 mètres d’altitude et ses 1 000 mètres de dénivelé se découvrent en montant;  plus on montait, moins il y  avait de gens dans le télésiège.  En haut, à 2000 mètres, nous avons bravement grimpé 300 mètres pour atteindre un de ses 3 sommets et y découvrir une vue…  Les anglophone ont une expression supérieure à « bouche bée » : « jaw  dropping»…  Le sommet immaculé et étincelant du Tronador, et des montagnes à perte de vue dont, au loin, l’étonnant cône parfait du Volcano Lanin.

19 février

Nous faisons la tournée des Siete Lagos; superbes paysages de montagne, de grands lacs très bleus, et des routes épouvantables pendant plus de 350 kilomètres.  Plein de travaux en plus…  Mais des vues imprenables, des cols à couper le souffle, et un pique-nique dans un endroit merveilleux, sur le bord d’un rio tumultueux…

Et de la poussière, un soleil ardent et une voiture non-climatisée… Il n’y a rien de parfait.

 

20 février

Nous nous décidons finalement à aller voir le Tronador (3800 mètres) de près par une petite route de terre, dont 40 kilomètres à sens unique : de 8 :00 à 14 : 00 heures pour y aller, et le retour s’effectue à partir de 16 :00 heures.  Comme nous avons peur de passer une journée stressée, nous téléphonons du seul et très chic hôtel du parc à l’agente qui nous a loué la voiture, et nous lui demandons de pouvoir la garder une journée de plus.  Tant que nous payons, pas de problème et moins de stress dû au fait que nous devions la ramener à 18 :00 heures. Vous comprendrez qu’en partant au plus tôt à16 :00, en faisant 50 kilomètres à la vitesse de 20 à 30 kilomètres/heure, et en devant se payer un autre 70 kilomètres sur le bitume un dimanche après-midi de vacances,  c’était pour le moins juste.  Donc, une promenade plus sereine.

Vous décrire un des plus beaux paysages que nous ayons vus :   une immense montagne qui se découvre de loin, le sommet couvert de glaciers immaculés, des chutes d’eau de plusieurs centaines de mètres qui tombent des parois vertigineuses et à pic…  Lonely Planet comparaît à Yosemite.  Dans un sens, c’est faire injure aux deux :   certes il y a des falaises escarpées et des cascades vertigineuses, mais tout est tellement plus grandiose au Tronador et plus bucolique à Yosemite.

Mais nous avons aussi constaté à nouveau que le civisme et les argentins ne forment pas un couple harmonieux.  Lors de la petite grimpette, il y avait une couple de passages étroits et ardus;  Marie s’arrête et attend que les gens venant en sens inverse aient traversé ce passage.  Mais alors, on se fait tasser par les gens derrière nous qui nous passent devant et se bousculent dans le passage étroit avec les nouveaux arrivants; pas une fois, mais deux fois de suite le même manège avec des personnes différentes, et pas par  de jeunes enfants non plus.

Parfois, je me demande s’il ne s’agit pas là d’un réflexe de survie des années de dictature sanglante :   « j’ai suffisamment de problèmes pour ne pas en plus me soucier des autres ».  Car pour le reste, les argentins sont très  sympathiques et généreux de leur aide.

Nous revenons du Cerro Tronador dans une file d’autos,  malgré mes efforts pour les laisser passer et suivre à très longue distance, dans un nuage de poussière pendant une heure et avec une chaleur accablante dans une auto sans AC.  Le ciel se gagne…

21 février

Petite mésaventure ce matin.  Nous devons remettre notre voiture de location à une jeune argentine d’origine japonaise, parlant relativement bien l’anglais;  en plus d’être jolie, elle particulièrement gentille et « allumée ».  J’avais loué par Internet à l’agence Europcar une petite voiture avec AC au prix de 54$ par jour, tout compris selon le contrat fourni en français par l’agence.  Nous étions prêts à oublier l’air climatisé, mais voilà que la facture pour 4 jours monte non pas à 216$, mais à 280$.  Nous avions, semble-t-il, oublié l’assurance; nous avions pourtant indiqué lors de la location que nous ne payions pas pour les suppléments d’assurance assumés par ma carte Visa.

Elle nous redit que l’assurance est obligatoire en Argentine, et que nous n’avons qu’à payer et nous faire rembourser par Visa.  YOU BET !!!

Mais elle n’a pas une copie de notre contrat et elle ne comprend goutte au nôtre rédigé en français.  Elle communique sans cesse avec son bureau chef à Buenos Aires, et revient toujours avec le même refrain; alors que je suis prêt à passer l’expérience au rayon des profits et pertes,  Me Pepin se lève, plaide qu’un contrat doit être respecté et qu’elle ne paiera pas un peso de plus.  Retéléphone à B-A, et acquiescement final.

La jeune Marcella nous dit qu’elle n’avait jamais vu cela; nous non plus.  Mais j’ai pris ma leçon, surtout après avoir discuté avec un jeune avocat albertain qui a assisté à notre entretien qui se déroulait dans la salle commune de notre auberge.  Il avait, sur un autre point, vécu une aventure semblable avec un « tour » qui n’avait pas fourni les services attendus;  les menaces avaient volé, mais la facture avait été de beaucoup amputée après des discussions autrement âpres.  Lorsqu’il avait loué une voiture, il était passé par Hertz; je ferai de même à Salta, même si c’est théoriquement un tout petit peu plus cher qu’Europcar ou autre.  Les surprises, c’est parfait à Noël.

Et finalement, nous quittons Bariloche et la Patagonie en après-midi en « omnibus », en première classe, gros  sièges-couchette en cuirette,  «con servicios », c’est-à-dire avec repas et breuvages (on nous a même offert le champagne, probablement Cordoñu qui possède de nombreux vignobles en Argentine). Pour les repas, rien de gastronomique, mais c’était supérieur à plusieurs compagnies aériennes américaines.  Mendoza, nous voici !!!

Album-photos: (pour des photos pleine grandeur, choisir diaporama)

Bariloche, région des lacs

 

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