BEAUTÉS ET EXOTISME DE L’ALTIPLANO

 

Au nord de Salta :
BEAUTÉS ET EXOTISME DE L’ALTIPLANO

2 au 5 mars

Nous partons le avec notre petite voiture Chevrolet de la taille d’une petite Hyundai Accent.  Facile chez Hertz, aucune  engueulade au sujet de l’assurance déjà couverte par ma Visa Or; mais il y a du monde…  Une fois sortis de Salta, nous utilisons une autoroute jusqu’à JuJuy que nous contournons; moins jolie que Salta, nous préférons aller directement vers la Quebrada de Humahuaca.  Une quebrada est une vallée encaissée; et il y en a quelques-unes dans le coin !!!

Tilcara

Nous avons choisi de résider dans la petite ville de Tilcara, sous les conseils avisés de Suzanne et Jean-Claude, et avons aussi opté pour l’hébergement recommandé, soit la Posada de Luz.  Nous n’avons pas regretté   ces choix.  Nous sommes entourés de montagnes de 4000 mètres et la vue de la posada est superbe.

Journées torrides lorsque le soleil paraît à 2500 mètres d’altitude et à quelques kilomètres du tropique du Capricorne, même si le mercure ne monte pas plus haut que 30C°; le soleil
tape…  Si le soleil se couvre et si on est plus haut en montagne, une petite laine est indispensable; il y a une piscine à la posada, mais même Marie ne s’en prévaudra pas, car le mercure baisse lorsque nous revenons de nos excursions en fin d’après-midi. Nuits fraîches à 10C°, et nous dormons avec cependant des bouchons dans les oreilles, car les
chiens sont nombreux et bruyants dans les environs.  Errants pour plusieurs…

Dès notre arrivée, nous nous échappons pour aller visiter un ancien relais de chevaux classé au patrimoine de l’humanité : la Posta de Hornillos.  Nous y sommes seuls à visiter dans un décor splendide.  Deux ou trois personnes y travaillent, mais on l’air de s’ennuyer; les groupes doivent passer tout droit…  Ils ont profondément tort; un des beaux moments de ce voyage pour moi.

Et puis le pueblo autochtone de Maimara, qui aimerait bien avoir sa part du tourisme qui fait vivre les environs mais qui lui aussi est un peu négligé à tort.  Charmante Plaza , et surtout une Cementero superbe à flanc de montagne.  Les anciens y sont vénérés comme en témoignent les fleurs omniprésentes, « en plastique » pour la plupart; la grosseur des monuments, par ailleurs simples, étonne compte tenu de la pauvreté des habitants du pueblo.  Si je pouvais, j’aimerais y être enterré, mais  dans de très nombreuses années.

Toute la Quebrada de Humahuaca, classée au patrimoine de l’humanité, est une  merveilleuse vallée entourée de montagnes de toutes les couleurs.  Les jeux de couleurs y sont impressionnants et sans cesse changeants au gré de la lumière ambiante. N’ayant aucun talent de poète, je vous invite plutôt à regarder les photos jointes à ce blog pour en avoir un faible aperçu.

Le soir nous allons dans un resto recommandé pour son atmosphère et sa viande de lama.  Malheureusement, l’un et l’autre s’avèrent assez décevants…  Nous aurons plus de
succès les autres soirs quant à l’accueil et à la bouffe dans un autre petit resto, pas très fréquenté dans ce Tilcara très « back-packers » fauchés, Le Quinoa, où la bouffe a le mérite d’être plus originale que la moyenne argentine.  Il y aura pendant que nous  serons à Tilcara des  récitals et des manifestations pour le carnaval; fatigués le soir, nous ne nous y rendrons pas.  Peut-être avons-nous eu tort, mais c’est impossible de tout voir et peut-être avons-nous perdu cet élan de la jeunesse pour de telles manifestations, souvent « organisées » pour les touristes !  Un fait remarquable pour un si petit pueblo, Tilcara a deux plazas très près l’une de l’autre, l’une très civile avec son marché et son petit cabillo, et l’autre plus modeste avec son église très fréquentée, même le soir.

La deuxième journée, nous nous dirigeons vers La Quiaca, sur la frontière bolivienne, à 180 kilomètres de Tilcara où nous logeons.  La première partie du trajet dans la Quebrada de Humahuaca est sublime; les paysages y sont uniques par leurs couleurs un peu  irréelles, passant du noir au blanc, du vert au jaune, du gis au rouge…  Nous
traversons officiellement ce faisant le tropique du Capricorne; l’altitude fait cependant que nous ne nous sentons pas réellement dans un climat subtropical.

Petit arrêt à la splendide église d’Uquia et ses anges armés de mousquet. Et puis Humahuaca, magnifique pueblo à la fois colonial et autochtone.  N’eut-ce été de la situation panoramique de la Posada de Luz à Tilcara, je crois qu’y habiter aurait aussi été un choix très judicieux.  La plaza est superbe et animée, les rues magnifiques; probablement le plus beau pueblo que nous ayons vu en Argentine.  L’église étant fermée au moment où nous y passons, nous décidons d’y revenir le lendemain.

Et nous poursuivons vers l’altiplano à 3500 mètres que nous atteignons bientôt. Paysage austère, aggravé par un temps pluvieux et frais; notre pique-nique y fût plus utilitaire
qu’agréable.  Et très longue route jusqu’à La Quiaca, ville frontière très quelconque.

Nous décidons d’aller dans un tout petit pueblo autochtone des environs, Yavi.  Malgré les travaux de réfection, la route pour y mener s’avère assez facile, quoique nous nous soyons égarés une couple de fois faute d’indications adéquates.  Le plus authentique village amérindien que nous ayons visité sur l’altiplano, au fond d’une étroite vallée verdoyante parmi la sécheresse environnante.  Quelques rares touristes, une petite église charmante, des maisons de pisé harmonieuses.  Un moment béni de notre voyage, et cela malgré un ciel menaçant et un temps frais.

Le lendemain, visite du musée archéologique de Tilcara : intéressant, mais en embrassant un peu trop largement les cultures précolombiennes de toute l’Amérique du Sud, il nous
perd.  Et par la suite, visite du site archéologique de Pucara, vieux village précolombien en partie très « librement » reconstruit sur une colline pleine de cactus près de notre hôtel.  Le site est quand même grandiose, même s’il est encore très profané par un horrible et  énorme monument pyramidal à l’honneur des archéologues qui ont aidé à la reconstruction du site. Je trouve souvent que les européens ont un goût des monuments et statues aux hommes « célèbres » très exagéré; je n’avais pas vu les argentins.  Même dans le petit musée dont je parlais quelques lignes plus haut, les plus grosses pièces sont
des statues à la mémoire des archéologues qui ont aidé à édifier le petit musée.  En fait, cet amour des statues et monuments (surtout militaires cependant) me semble ridicule; c’est vrai que comme nord-américain, nous n’avons pas une histoire connue basée sur de telles
célébrités…

Et puis  revisite de Humahuaca et de son église; magnifique, malgré la présence d’une bonne sœur un peu détestable et acariâtre qui en veut aux touristes qui pourtant permettent à sa magnifique  église d’être si coquette.  Nous voulons aussi nous rendre dans un petit village perdu dans les montagnes : Iruya.  Dès le départ, Marie trouve un raccourci pour nous rendre à la petite ville d’où nous affronterons une route de montagne difficile; le raccourci s’avère praticable uniquement par les 4X4 et c’est de peine et misère donc que
nous réussissons à nous rendre à cette ville étape.  Et là, il nous faut traverser à gué une  petite  rivière avec notre auto très basse sur roues; la rivière déjà coule abondamment et, comme le conduteur de la camionnette qui nous précède, j’hésite.  Et, prudemment, devant la pluie qui tombe sur les montagnes où nous nous dirigeons et d’où provient la rivière à  traverser, je crains au retour une traversée à gué impossible d’une rivière d’avantage gonflée, et je me dégonfle…  Nous laissons tomber : les raisins sont trop verts, nous avons vu encore mieux la veille à Yavi !…  Pourtant, nous verrons et traverserons des gués bien pires.

Et nous allons voir un merveilleux petit village encaissé : Purmamarca.  Tellement beau et merveilleux qu’il y a plus de touristes que d’habitants, ce qui enlève un peu à son charme.  Et les touristes sont soit  des gens d’âge mûr en groupe, soit des jeunes fauchés et blasés ; ainsi, devant le portail de la petite église qui n’ouvrira pas à l’heure prévue, deux  magnifiques jeunes paires de jambes appartenant à deux demoiselles « évachées » sur le parvis, se foutant bien de ce  que les gens espéraient avoir un autre paysage en s’approchant du bâtiment. Nous rentrons à Tilcara, mais avec quand même le souvenir d’un paysage merveilleux.

Salinas Grandes

Nous partons de bon matin le 5 mars pour les Salinas Grandes, un lac salé sur l’altiplano.  Pour y arriver, nous traversons un col de plus de 4000 mètres avec une route en très bon état puisqu’elle se dirige vers le Chili.  Nous avons déjà vu des lacs salés en Tanzanie, en Tunisie et surtout le très grand Salt Lake  de l’Utah.  Les Salinas Grandes argentines sont certes relativement grandes (beaucoup moins que Salt Lake cependant), mais elles  impressionnent surtout par la beauté du paysage et les couleurs pastels qui le dominent.  Il fait un soleil resplendissant qui éblouit sur le lac de sel qui ressemble à un immense champ de neige.  Les montagnes, qui au loin entourent l’immense altiplano, mettent une touche sombre sur l’ensemble.  Féérique…

Plutôt que de revenir sur nos pas vers Tilcara, Jujui et finalement Salta comme la majorité des gens font, nous décidons de reprendre la mythique route  #40 que nous avions parcourue en Patagonie et qui s’achève 150 kilomètres au nord de Salinas Grandes après un parcours de 5 224 kms; nous nous dirigeons cependant plein sud vers San Antonio de los Cobres, petit village minier perdu à près de 4000 mètres d’altitude et distant de 150 kilomètres, pour ensuite revenir et coucher à Salta 120 kilomètres plus à l’est.  Évidemment, la route #40 n’est toujours pas pavée, et dans le coin elle a souvent l’air d’un chemin forestier isolé.  Mais 150 kilomètres de terre, cela nous rebute moins que 30 à Bariloche, dans cette petite auto climatisée.

Après 60 kilomètres, évidemment sans rencontrer un chat, nous sommes hélés au passage par un groupe de personnes qui tirent péniblement sur ce chemin cahoteux une Renault 12 (évidemment très fatiguée à son âge vénérable) à l’aide d’un camion qui doit être contemporain des modèles T.  On nous demande de prendre avec nous une jeune femme que nous devrons laisser en route chez elle.   On tasse nos bagages dans le coffre, en essayant quand même de ne pas trop faire étalage de nos richesses, qui même modestes, n’en sont pas moins énormes en comparaison de ce qu’ils ont.  Et on ramène chez elle la jeune femme une dizaine de kilomètres plus loin; elle vit avec sa famille élargie dans une série de huttes délabrées, en pisé, à des kilomètres de tout village, perdues dans l’altiplano.  Nous sommes un peu mal à l’aise, et lorsqu’elle nous demande de lui donner quelque chose, nous faisons la sourde oreille, un peu pressés de partir de ce lieu.

Après 90 kilomètres, alors qu’il fait toujours beau sur l’altiplano et qu’il pleut sur les montagnes qui nous entourent, nous rencontrons un gros ruisseau qui traverse la route sans y avoir été invité, c’est-à-dire sans la dalle de béton ordinairement prévue à cet
effet et qui empêche qu’il ne creuse son lit.  Mais refaire les 90 kilomètres jusqu’à Salinas Grandes et autant jusqu’à Tilcara avant de redescendre vers Jujuy et Salta ?  Je prends le risque et nous traversons sans difficulté; mais le manège se répète une couple de fois alors que ledit ruisseau joue à saute-mouton avec la route.  Et finalement le ruisseau, qui ne cesse de gonfler au fur et à mesure que nous progressons à cause des pluies qui se poursuivent dans les montagnes, décide d’emprunter la route; devant nous, il remplit toute la largeur de la route.

Nouvelle hésitation et nouvelle sortie pour évaluer : le risque est soit de s’embourber, soit de noyer litteralement (dans l’eau) le moteur dans un coin perdu où personne ne passe, à 50 kilomètres du plus proche pueblo.  Mais on se lance à nouveau, et nous passons, mais plus difficilement, avec quand même une certaine crainte pour ne pas dire  une trouille certaine.  Un peu plus loin, nous rencontrons un gros camion safari amphibie qui transporte un groupe de touristes; la peur pour la route à venir n’en diminue certes pas.

Mais nous continuons sur un chemin plus sec malgré la pluie qui commence à tomber et, à 12 kilomètres de San Antonio de los Cobres, nous nous apprêtons à dépasser 4 paysans avec leurs bêches, pelles et râteaux qui marchent vers le village : ils nous
font signe d’arrêter, ce que nous faisons. Il y a deux jeunes hommes, et deux vieux -qui ont l’air d’avoir 70 ans, mais peut-être ont-ils beaucoup moins- qui nous demandent si nous pouvons les faire monter, car ils se rendent à pied au village à 12 kilomètres.  Nous faisons donc monter les deux vieux avec leurs outils, qu’ils prennent soin de bien nettoyer avant de monter, sous les yeux un peu envieux des plus jeunes.  Conversation difficile avec notre  pauvre espagnol, mais nous comprenons que nous leur avons rendu un bon service; il
doit être commun pour les habitants de faire ainsi monter les gens sur ces routes désertes, mais encore faut-il qu’il y ait quelqu’un qui passe.  Et à leur âge, marcher 12 kilomètres à l’aller et autant au retour pour commencer le travail, cela remet nos pendules occidentales à l’heure normale de l’altiplano.

San Antonio de los Cobres (du cuivre)  est un trou minier malgré son altitude de 3800 mètres; rien à y voir, à peu près nulle part à loger, mais il  est sur la route d’un train touristique panoramique, El tran a las nubes (le train des nuages).  La route qui en part vers Salta est magnifique, même si les conditions ne sont pas idéales puisque que justement, c’est nuageux.

En partant, nous nous faisons arrêter à un des innombrables points de contrôle policiers; ceux-ci nous demandent d’où nous venons, et lorsque nous leur disons que nous venons de Salines Grandes par la route 40 , ils nous demandent comment était la route en regardant la voiture.  Nous leur disons qu’elle était difficile (mais pas dangereuse, car plane); ils nous laissent entendre que nous avons été chanceux, car elle était fermée deux jours auparavant.  Mais nous n’avions eu aucune indication à cet effet avant de  l’emprunter.

Album-photos: (Afficher Diaporama pour photos pleine grandeur)

Altipano au Nord de Salta

Musique: Las Cuerdas de Oro Folclore Argentino- Grandes Exitos 04 El Cóndor Pasa

Cet article a été publié dans Non classé. Ajoutez ce permalien à vos favoris.

Laisser un commentaire