Le 5 janvier, nous quittons notre magnifique petite villa de Rancho Santana pour nous
rendre à Granada où se tiendront les festivités entourant le mariage de Véronique et Danilo, raison première de notre présence en ce pays. Tout d’abord, je règle le GPS en pointant l’Hôtel Granada où nous nous rendons; surprise, il accepte cette désignation et nous indique une route plus courte que celle passant par Rivas et qu’a empruntée le père de Danilo lorsqu’il est venu nous rencontrer. Avant de partir, nous passons par la Villa de los Cinco Banditos pour prendre des valises de certains de nos amis français qui devront se serrer à cinq dans une petite Yaris et circuler en bonne partie sur la route de terre cahoteuse passant par Rivas; comme on nous avait déconseillé de mettre les valises dans la benne du pick-up, nous ne pouvons en monter, mais nous chargeons à bloc le siège arrière de notre cabine double.
Nous traverserons plusieurs petits villages très pauvres, mais propres et coquets comme toujours à travers une route passable uniquement en 4X4, au risque d’abimer une voiture ordinaire. A un moment donné, une femme et son petit garçon d’une dizaine d’année font de l’auto-stop (du pouce en bon québécois) dans cette route perdue où aucun des vieux bus ne passe ou ne pourrait passer. Comme il est de mise, la cabine étant remplie à capacité, ils montent dans la benne; et lorsque nous démarrons, nous entendons le cri de joie du petit garçon : « Yahoo ». Nous ferons monter un peu plus loin trois autres femmes, toutes assises dans le fond de la benne alors que je vais lentement et essaie d’éviter les cahots.
Nous arrivons finalement à l’intersection de la Pan-américaine où quelques policiers sont de garde; et évidemment, le port de la ceinture de sécurité est obligatoire et est semble-t-il la deuxième raison d’imposer des contreventions après les empiètements sur les lignes continues. Je me sens soudain un peu trahi par notre accord à faire monter 5 personnes dans la benne (les ceintures !!!); mais surprise, ce n’est probablement pas requis dans la benne ou peut-être avons-nous perdu notre statut de touristes du fait de ce transport, mais nous ne sommes pas inquiétés et déposerons sans problème nos passagères à la ville où elles se rendaient.
Le GPS fait parfois des siennes, loin des villes surtout; pour lui, la route cesse parfois d’exister sans raison apparente ou
elle semble bifurquer dans la jungle dense. Et souvent, il nous indique de tourner bien avant ou après l’intersection. Mais il nous dirige parfaitement dans Granada jusqu’à notre hôtel. Nous y prenons notre chambre et stationnons la camionnette dans un parqueo surveillé, puisqu’il ne sera pas requis dans cette ville surtout piétonne. Et dès notre arrivée, nous sommes salués par Chantal, une amie de Véronique et épouse d’un de ses collègues, Philippe; or, nous ne sous sommes jamais rencontrés auparavant. Et c’est comme cela que se dérouleront les journées suivantes dans l’euphorie des retrouvailles et des rencontres.
Nous partons dîner et visiter un peu Granada, cette très belle ville coloniale sur les rives du lac Cocibolca et dominée par le volcan Mombacho. La cathédrale et le Parque Central
sont magnifiques, et encore davantage la Plaza de la Independencia d’où nous pouvons contempler le centre de la cité surplombé par le Mombacho. Mais les monuments actuels sont la plupart du temps du XIXème siècle, car la cité pourtant très vieille (fondée en 1524 par Cordoba, avant même Jacques-Cartier ici) a été saccagée de très nombreuses fois par les pirates et flibustiers (surtout britanniques) ; située sur les rives de l’immense lac Cocibolca, lui-même à l’extrémité du fleuve San Juan qui se décharge dans la mer des Caraibes, cette ville était la capitale de l’empire espagnol en Amérique centrale et a attiré bien des convoitises. En outre, tout le Nicaragua était pendant longtemps le lieu le plus aisé du passage entre l’Atlantique et le Pacifique et était alors considéré comme le lieu du futur canal entre ces mers; la décision en faveur de Panama intervindra plus tard. D’où d’ailleurs cet amour étouffant que lui ont toujours porté les USA…
Nous rencontrerons dès cette première sortie, Michel le frère de Marie,et sa compagne Justine, qui arrivent de Montréal. Un peu spéciale cette atmosphère, comme si toute la ville s’employait à fêter les noces de Véronique et Danilo. Un peu plus tard, nous retrouverons autour de la piscine de l’hôtel
Maude et Patrice avec nos chérubins, Victor et Mathilde. Quel bonheur aussi de retrouver ainsi ses enfants et petits-enfants au bout du monde ! Nous y retrouverons Nilda et rencontrerons des gens que nous aimerons aussi beaucoup, soit Francisco le frère de Danilo, Carmen son épouse et leurs trois enfants. Un plaisir !…
Les deux jours qui précèdent la noce seront donc ainsi consacrés à ces rencontres et à des repas dans les petits restos de la ville en groupe et même à une excursion au Volcan
Mombacho. A cette occasion, nous utiliserons deux camionnettes et devrons même nous tasser dans la benne d’une seule pour les derniers kilomètres de grimpette. Le volcan est entouré d’une abondante végétation de forêt pluviale avec une impressionnante canopée; malheureusement, nous ne sommes pas en saison humide et nous n’y verrons pas d’orchidée en fleur ou d’oiseaux paradisiaques. Mais les panoramas sont exceptionnels, avec vue sur les isletas du grand lac, sur la ville de Granada sur ses rives et même sur la Laguna Appoyo, un lac circulaire au creux de l’immense cratère de ce volcan beaucoup moins élevé que le Mombacho.
Marie et moi irons aussi faire une promenade en calèche à travers la ville avec les petits; alors que Victor est un peu craintif du cheval et se colle contre Marie, la grande Mathilde
se tient droite sur la banquette et ne veut absolument pas que je la soutienne même si elle ne peut ni s’adosser, ni tenir la rambarde. La ballade a un succès relatif avec les enfants, même si nous découvrons ainsi la beauté extraordinaire de cette petite ville même dans les quartiers résidentiels qui entourent le centre-ville. L’indépendante Mathilde finira cependant assoupie dans mes bras…
Je reviendrai dans une autre chronique sur la journée du mariage, le 7 janvier; je n’ai aucune photo pour l’accompagner actuellement, et de toutes façons, nous sortons alors du touristique pour la célébration.
Le lendemain des noces, le dimanche, nous partons au début de l’après-midi en groupe avec les nouveaux mariés : sont présents les amis du couple venus des quatre coins de la
planète, quelques parents et amis nicaraguayens et la famille élargie Pepin-Hallé. Le départ d’effectue en un cortège de calèches le long de la plage qui borde Granada jusqu’à un embarcadère d’où partent les barques qui sillonnent Las Isletas, îlots formés par des amoncellements de lave qui jadis coula du Mombocho dans le lac Cocibolca. Et nous embarquons dans plusieurs barques qui nous mèneront à travers de magnifiques paysages ponctués de villas et d’une multitude d’oiseaux.
On débarque dans une petite île appartenant à l’Hôtel Granada où des tables ont été montées pour un luxueux BBQ, le tout à l’abri d’un auvent sous un ciel ensoleillé, mais
parsemé de nuages qui parfois se délesteront de quelques gouttes au cours de l’après-midi. Lorsque tout le monde est arrivé un orchestre de mariachis nous rejoint ! Une fête princière que nos tourtereaux ont organisée pour remercier leurs amis d’être venus de si loin pour célébrer avec eux leurs épousailles.
Un après-midi magnifique où nous mangerons à satiété de délicieux mets nicaraguayens, accompagnés de boissons et vins à volonté. Mathilde danse une partie de cet après-midi, adorant la musique enjouée et rythmée de l’orchestre. Victor s’ennuie cependant un peu dans cette fête d’adultes et se tourne vers ses petites automobiles pour passer le temps.
Mais Marie et moi lui faisons faire une petite promenade sur l’île pour lui faire admirer les singes : plus de succès que l’orchestre et les discussions des grands ! Le tout finira par une baignade dans le lac pour une grande partie des invités.
Nous montons dans les barques à la nuit tombante pour le retour. Une magnifique pleine lune compense en partie l’absence de tout éclairage sur les barques; un retour fait
pour les amoureux et pour les grands-parents qui cajolent leurs petits enfants. A terre, nous reprenons les calèches pour une folle chevauchée dans la nuit jusqu’à notre hôtel. Un des ces moments inoubliables ! Une immense gratitude pour Véronique et Danilo qui nous ont permis de connaître ces instants exceptionnels.
Le lendemain, tout le monde s’éparpille, qui a travers le pays, qui pour le retour au lointain domicile. De notre côté, nous laisserons nos deux grosses valises en consigne à l’hôtel pour un périple qui nous mènera dans la jungle à Boca de Sabalos, sur le Rio San Juan. Je reviendrai dans la prochaine chronique sur cette excursion mémorable.
Mais pour terminer notre visite sur la magnifique ville de Granada, à notre retour de la jungle nous y passons une journée où nous visitons un peu mieux certains lieux de la ville, plus libres de notre temps qu’à la veille du mariage. Ainsi, je peux alors contempler
un coucher de soleil sur la vieille cité du haut du clocher de l’église de la Merced; dans l’église même, une messe se déroule alors et l’église est pleine. Nous avons aussi le temps d’aller visiter la vieille église et le couvent attenant de San Francisco; le couvent, avec son imposant préau, est aussi le lieu d’un musée d’art moderne et même de statues précolombiennes, malheureusement mal conservées dans ce cas.
C’est vrai que Granada est une ville touristique, léchée… Mais probablement une des plus belles d’Amérique centrale, même si elle n’a pas le cachet « authentique » de Leon que nous visiterons plus tard.
Vous pouvez voir les photos de Granada la Magnifique sur le site suivant :
… en écoutant le chant révolutionnaire suivant:Carlos Mejía Godoy Cuando Venga la Paz