Au pays des éléphants, des baobabs …
Notre avant-dernière étape fût le parc national Tangire, moins visité que les
précédents. Le parc a été créé dans une zone dépeuplée du fait de la présence toujours importante de la mouche Tsé Tsé et de la maladie dite « du sommeil » qu’elle génère chez ceux qui vivent dans les régions où elles pullulent; devant l’ineptie des grandes pharmaceutiques qui ne font aucune recherche sur cette maladie débilitante qui s’attaque à de malheureux et infortunés bergers masaïs surtout, les gouvernements africains ne peuvent que déplacer les populations qui habitent ces lieux vers des endroits moins exposés (quoique la mouche Tsé Tsé et la maladie soient endémiques dans toute la savane de l’Afrique de l’est). Dans notre cas, il n’y avait pas de problème, car c’est l’accumulation de piqures qui cause la maladie : mais c’est désagréable, comme les piqures de mouches « à cheval » de chez nous.
Nous campons dans un petit camping où quelques touristes se trouvent quand même présents, mais nous ne les verrons pas réellement, car nous sommes un peu isolés d’eux avec notre propre cuisinier en plus de notre guide-chauffeur. Nous nous levons toujours très tôt pour aller voir les animaux à la rivière Tangire, le seul point d’eau en cette saison sèche. Nous revenons à mi-journée pour nous reposer un peu avant de retourner au coucher du soleil toujours splendide.
Un matin, alors que la nuit se dissipait lentement, un vieil éléphant mâle hargneux nous chargea sans raison; mais James était sur ses gardes, et nous avons pu fuir avant qu’il ne nous atteigne. Même un Toyota Land Cruiser, pourtant assez imposant, ne semble pas être une réelle protection face à la charge d’un tel mastodonte.
Dans ce parc paisible et souvent bucolique, nous observons une foule
d’éléphants et d’antilopes qui viennent s’abreuver à la rivière. Des hordes entières, toujours composées de femelles et d’éléphanteaux, s’amenaient, s’amusaient et s’adonnaient à des bains de boue et d’eau; chez les éléphants, en dehors de la période de reproduction, les mâles vivent à l’extérieur en solitaires. La même chose d’antilopes parmi lesquelles nous avons assisté en outre à quelques batailles entre mâles voulant conserver ou obtenir la domination d’un troupeau de femelles et de jeunes.
Et, les deux soirs pendants lesquels nous étions présents dans ce parc, nous avons admiré de magnifiques couchers de soleil avec le lent exode des hordes d’éléphants vers des endroits plus sécuritaires pour la nuit, éloignés des points d’eau qui attirent les prédateurs dès le crépuscule. Pendant ces journées, les lentes et longues observations auxquelles nous participions contrastaient quand même un peu avec la frénésie ambiante du Ngorongoro et du Serengeti.
Il me faut quand même souligner un évènement assez particulier qui s’est produit pendant notre séjour dans ce parc; comme nous étions pendant mon anniversaire de naissance, Marie avait demandé à James et Dowdy si elle pouvait se procurer une friandise comme des tablettes de chocolat. Les tablettes en question, achetées à Mbo Wa Mbu (Village des Moustiques) dans un étal en plein soleil, se sont avérées assez quelconques, pour ne pas dire inmangeables. Mais nos lascars ayant appris ainsi par Marie que c’était mon anniversaire le lendemain, ont voulu me faire une surprise en me fabricant un gâteau avec l’inscription « Happy Birthday Ghislain ».
Premier problème, ils ne savaient pas comment écrire mon prénom et ne voulaient pas alerter Marie. Alors, avec la complicité du gérant du camping, ils ont inventé un stratagème à l’effet que nous devions aller nous inscrire au registre du camping; Marie y va et s’inscrit elle-même. Ils insistent évidemment pour qu’elle inscrive mon nom aussi. Elle se rebiffe, puisque
nous n’avons jamais eu à signer tel registre et demande à voir les inscriptions des campeurs qui y étaient la veille. Ils inventent alors une excuse pour justifier l’absence de ces signatures. Elle finit par se plier à ce caprice !
Deuxième problème : il n’y a pas de four pour le gâteau. Qu’à cela ne tienne, Dowdy improvise un four sur une grille avec du papier aluminium et le soir, après le repas, ils me présentent fièrement ce merveilleux gâteau d’anniversaire. Un des plus mémorables que j’aie reçu…
Au pays des flamands roses !
Nous quittons le Parc national Tangire, pour le parc national du mont
Arusha, dernière nuit de notre safari. Nous campons au pied du grand volcan sous des arbres gigantesques alimentés par les pluies beaucoup plus fréquentes près des montagnes élevées. Malheureusement, Marie souffre alors d’une turista en règle et notre séjour en est quelque peu affecté.
Mais c’est dans ce parc, près des zones habitées, que nous pouvons admirer
de gigantesques vols de flamands roses. Je dois avouer qu’ils n’ont rien de commun avec les volatiles de plastique de nos pelouses ! Et je suis aujourd’hui étonné que nous n’en n’ayons pas chez nous, car nous avons vu ces oiseaux dans les régions froides de la région des glaciers en Argentine, et sur l’Altiplano pas toujours très chaud non plus. Bof !, je n’ai qu’à aller visiter certains terrains de banlieue…
L’humeur de nos amis James et Dowdy est maussade à la veille de notre séparation, car ils craignent sans doute que la turista de Marie (et moi-même je me sens un peu nauséeux aussi) n’influe sur le pourboire qu’ils espèrent recevoir. Mais ce n’est pas ce léger inconvénient qui va nous influencer, et ils auront le sourire éclatant, la poignée de main énergique et même un éclat de rire en voyant celui que nous leur laissons.
Routards en Tanzanie et à Zanzibar
Nous sommes demeurés deux jours à Arusha pour nous reposer dans des draps blancs après avoir abandonné à nos amis James et Dowdy nos sacs de couchage trop légers; nous en profitons pour le farniente à la piscine, et une visite à la cour pénale pour le génocide Rwandais où nous assistons à une séance du procès du colonel Théoneste Bagosora, ultérieurement condamné.
Nous avons poursuivi par la suite notre voyage en Tanzanie par nous-mêmes, en autobus, taxi, barque et navire jusqu’à Zanzibar et finalement Dar es Salaam, avec de nombreuses autres aventures moins « photogéniques » cependant. Nous nous sommes approchés du Kilimandjaro, j’ai procédé dans un parc à un appel d’offres à la criée pour un trajet en taxi de 250 kilomètres, nous avons vécu dans des huttes sur l’océan indien près de Pangani (gardés la nuit par des Masaïs armés d’un arc et de flèches), nous avons navigué sur la
rivière du même nom et profité largement de la gentillesse et de la générosité infinies du personnel du petit complexe « hôtelier » (?), nous avons traversé le détroit de Zanzibar (40 kilomètres) dans une grosse chaloupe avec un moteur hors-bord pendant un orage, pour finalement débarquer dans la mer, à 50 mètres de la rive, dans un genre club Med, en portant nos valises sur notre tête. Vous auriez dû voir la tête des touristes qui étaient au bar de cet hôtel !…
Zanzibar est une île charmante avec de vieux édifices arabes et allemands, mais n’allez pas en Tanzanie uniquement pour voir cette île. Mais les grands parcs par exemple !… N’hésitez pas si vous avez une chance, car c’est un voyage qu’on n’oublie jamais. Et Marie et moi nous ferons un plaisir de partager avec vous les quelques « trucs » que nous avons retenus.
Pour voir quelques photos de cettepartie de notre voyage, Ctl-cliquez sur le lien ci-dessous: