2. DEUXIÈME PARTIE : L’ISTRIE
Tout d’abord un petit mot pour vous dire que mes chroniques de l’automne 2016 se déclineront en quatre parties plutôt que trois, car j’aurais dû couper beaucoup dans notre périple en Istrie; or, l’Istrie fût un haut lieu de ce voyage. Et évidemment, tout est très rapide, trop même, mais c’était quand même une occasion et une saison idéales pour avoir un aperçu de toutes les régions de ce pays; il me faut rappeler que le but premier de notre voyage était Vienne et la visite de notre fille Véronique, son mari Danilo et nos petits enfants Julian et Gabriel. Tout de même un magnifique, mais bref, voyage dans un pays qui mériterait cependant d’être découvert plus lentement…
Nous pénétrons donc en Croatie dès la sortie de Piran; à part un petit panneau nous souhaitant la bienvenue, rien nous indique que nous avons changé de pays. Mais lors d’un
arrêt dans une halte routière, nous payons en €uros et je découvrirai par la suite qu’on m’a chargé un taux de change effarant pour les quelques kunas exigés ; la Croatie, membre de la communauté européenne n’est pas dans l’espace Schengen, ni dans l’espace €uro ; mais il
semble que les trafics transfrontaliers en provenance de l’Europe ne lui causent pas trop de problèmes ; ce qui ne sera pas la même chose lorsque nous reviendrons vers le nord… Nous allons donc rapidement dans un guichet automatique pour nous procurer des kunas et nous conserverons nos €uros pour notre retour à Vienne ou notre passage de retour en Slovénie. Les cartes de crédit et de débit y sont aussi très répandues.
ROVINJ
Notre arrivée fût un peu chaotique ; nous ne retrouvions la rue de la chambre louée ni par
le GPS, ni sur les cartes routières et plans de la ville. Nous avons alors bénéficié de la gentillesse croate, qui ne devait pas se démentir du voyage, alors que le proprio, suite à notre appel téléphonique, est venu avec son auto nous rejoindre pour nous guider jusqu’à sa maison située un peu en hauteur à 10 minutes à pied du centre-ville ; proprio sympathique qui aimait échanger avec ses hôtes et qui nous a permis de
découvrir le passé des usines des pêcheries de la région désormais disparues. Cette ville est belle et sereine, même si très touristique, et elle aussi entourée, semble-t-il, de stations balnéaires très fréquentées en saison, mais que nous avons évitées; c’est Rovinj qui fournit la photo de couverture du plus récent Lonely Planet sur la Croatie. Une presqu’ile dominée par une colline surmontée d’une vieille église avec un campanile vénitien.
Des ruelles serpentent jusque vers cette église dont le parvis forme une immense terrasse
donnant sur la mer. Partout des cafés et des restaurants, dont le meilleur et le pire comme souvent, mais de beaux édifices, des place superbes. Certes touristique, mais il n’y avait pas trop d’affluence en cette mi- saison et cela no
us a permis d’en profiter pleinement, surtout des magnifiques couchers de soleil puisque nous l’avons toujours visité vers la fin de l’après-midi, après des excursions dans la région. En outre, la situation géographique de cette ville au centre de la côte ouest de l’Istrie en faisait un port d’attache permettant facilement d’en sillonner le nord et le sud.
POREČ
Nous nous dirigeons de bon matin vers Poreč, un autre de ces anciens ports vénitiens, comme Piran ou Rovinj. Certes, la ville
est jolie même si elle ne peut probablement pas rivaliser avec la magnificence de cette dernière. Mais elle est l’hôte de la magnifique basilique euphrasienne
construite vers la moitié du VIème siècle. Même si quelques parties ont été restaurées au XIXème, la majeure partie est d’origine et conserve de magnifiques mosaïques. A ne pas rater si on est dans le coin.
MOTOVUN ET BERAM
Après cette brève excursion matinale sur la côte au nord de Rovinj, nous bifurquons vers le centre
de la péninsule istrienne pour un périple des villages perchés de la région. Il s’agit donc d’un petit circuit champêtre que nous nous parcourons lentement au gré des collines et des vallées où se succèdent ces petits villages perchés ; et apparait soudain au loin celui qui est probablement le plus beau de cette région vinicole, Motovun, haut lieu de la cueillette de la truffe et aussi d’oliveraies. Le village lui-même est petit, mais il y a quelques cafés et on peuty loger (ce que nous n’avons pas fait, contrairement à nos amis Suzanne et Jean-Claude qui s’y sont aussi fait éveiller par les aboiements des chiens renifleurs de truffes).
Nous avons succombé aux appels pressants en bas de la colline pour stationner et prendre
une navette payante et bondée ; nous vous conseillons plutôt de monter en voiture jusqu’à un stationnement tout près du village piétonnier. Évidemment, on a droit à l’entrée à des pancartes nous incitant à acheter des truffes, le produit fétiche local, mais ces pancartes n’envahissent pas le village. Cependant nous avons
succombé et acheté très cher un produit que nous aurions pu obtenir au tiers du prix dans les magasins d’alimentation avoisinants, payant ainsi le tribut de notre ignorance à ce lieu touristique. Le village lui-même est propret et très bien conservé, mais surtout il faut faire le tour des remparts qui offrent des vues extraordinaires.
Nous poursuivons notre tournée des villages perchés et nous
arrêtons à Beram, tout petit village à l’extérieur duquel le guide Michelin nous parle avec emphase d’une petite église*** (trois étoiles) aux fresques magnifiques. Quoique joli, le village n’offre tout de même pas l’intérêt de Motovun. Nous y empruntons une petite route qui mène au cimetière et à la petite église Ste-Marie des Rochers qui contient de magnifiques fresques peintes (XVème siècle) que nous avons à peine entrevues s
ur place, puisque nous aurions dû au préalable téléphoner et obtenir la clé d’une résidente du village, une épreuve initiatique constante des petits trésors *** (trois étoiles) du Michelin. Comme nous n’avions pas le Routard, nous n’avons donc pas été incités à aller prendre un pot avec le tenancier du bistro pour ce faire !… Mais nous avons souvent connu ce type d’inconvénients d’églises cadenassées dans cette Croatie si catholique. Mais le lieu était tout de même superbe.
PULA
Cette ville est près de l’extrémité sud de l’Istrie. Si la ville elle-même ne m’a pas
particulièrement charmé, plusieurs de ses édifices
valent amplement le détour. Les italiens ont colonisé cette ville bien avant l’apogée de Venise, et ce sont ses ruines romaines qui séduisent tant. Tout d’abord, le
magnifique Colisée situé tout près de la mer. Cet imposant amphithéâtre est assez bien conservé. Mais il est aussi accompagné de quelques autres vestiges de l’époque un peu plus loin dans cette ville. Tout d’abord, une porte, l’Arc des Sergius, assez imposante et bien située sur une rue piétonnière. Au terme de cette rue, encore près de la mer, on retrouve le magnifique temple d’Auguste, l’empereur déifié. Dans de telles occasions, on se dit que le 375ème anniversaire de Montréal… On comprend qu’on puisse dire que nous sommes un peuple sans histoire.
Et si on continue au-delà de la ville, on arrive à la péninsule de Prementura où s’étend un
grand parc et de nombreuses plages. Les routes étant non-pavées, il faut s’attendre cependant à devoir s’accommoder de beaucoup de poussière. Et vous devrez vivre avec une automobile poussiéreuse comme nous l’avons fait, à moins de chercher un lave-auto ou de subir des averses qui se sont fait attendre dans notre cas.
LABIN
Nous quittons Rovinj pour nous diriger vers la côte est de l’Istrie. Ce faisant, nous
traversons une région marquée encore par les villages perchés et fortifiés; les églises aussi sont souvent fortifiées. Tout cela témoigne de l’histoire marquée par la violence de cette région. Comme nous
devons côtoyer Labin, un ancien gros bourg perché sur une montagne dominant la côte, nous nous arrêtons pour le visiter. Une fois stationné sur la place centrale à l’extérieur des murs, nous parcourons tout d’abord une magnifique ter-rasse dominant la mer au loin.
Puis nous traversons une porte étroite donnant accès à la vielle ville piétonnière comme
d’habitude; ce n’est pas un choix, les autos ne pourraient
circuler dans ces ruelles étroites, sinueuses et pentues. Si la ville n’a pas le charme d’un Motovun, on s’aperçoit rapidement qu’elle était économiquement plus importante, que les édifices, même si plusieurs sont moins bien conservés, témoignent de la présence autrefois d’une bourgeoisie commerçante prospère et d’institutions politiques importantes.
LOVRAN
Puis nous prenons la route qui surplombe la côte liburienne; les paysages y sont
grandioses et nous contournons quelques magnifiques fjords. Nous roulons vers Lovran, vielle station balnéaire popularisée
au XIXème siècle par l’empereur (autrichien) François-Joseph qui en avait fait son lieu de villégiature préféré. Nous aussi (noblesse roturière exige !) avons choisi une chambre dans un vieil hôtel de luxe comme il il y en a plein à cet endroit. La Villa Vera, d’où on atteignait la mer et la plage avec un escalier directement devant, s’avéra un excellent choix : prix mi- saison très bas , magnifique chambre, petits déjeuners inclus somptueux et surtout une réceptionniste, fille du proprio, qui parlait un excellent français et était à la fois chaleureuse, réservée juste ce qu’il faut, et très serviable. Nous y avons aussi profité de bons restaurants abordables et y avons mangé parmi les meilleurs calmars grillés de notre vie.
En fait, nous avions choisi cette étape car nous voulions nous reposer et profiter au moins
une fois de la mer pendant notre périple.
Nous nous sommes donc baignés dans une mer qui devait atteindre les 24C0 au début octobre; oubliez les belles plages sablonneuses, ce sont des rochers ou des terrasses cimentées partout. Mais l’eau est limpide et sa couleur émeraude nous laisse voir le fond jusqu’à quatre mètres de profondeur; le fond de pierre fait en sorte que l’eau n’est pas brouillée. Notre choix était aussi motivé par l’existence d’une
promenade qui longe la côte sur près de 20 kilomètres entre Lovran et Opatija; elle a été construite par l’empereur François-Joseph et tout en longeant la mer, elle traverse les terrains de grands hôtels particuliers. C’est peut-être là que nous avons ressenti pour la première fois les limites imposées par le court laps de temps de notre voyage de dix-huit jours ; nous y serions demeurés quelques jours de plus tant le séjour était agréable. Mais nous devions poursuivre…
Pour quelques photos supplémentaires de cette merveilleuse Istrie :
Quelques images de l’Istrie automne 2016
Je termine sur cette image d’un sublime coucher de soleil à Rovinj, avant la description des prochaines étapes de Split et Dubrovnik sur la côte adriatique:

