4.- QUATRIÈME PARTIE : LE PARC DES LACS DE PLITVICE, ZAGREB ET LE ZAGORJE
Note: vous n’avez qu’à CTL-cliquer sur les images qui accompagnent le texte pour les agrandir, ou cliquer sur le lien à la fin pour les voir, avec d’autres photos, en plus grand format.
J’aborde cette dernière partie du voyage avec un petit artifice d’auteur; en fait nous avons
visité le Parc national des lacs de Plitvice (Plitvička jezera) en quittant l’Istrie, avant notre visite à Split. Mais pour les fins de cette chronique de voyage, il allait mieux de joindre cette partie de notre trajet à la visite de Zagreb et du Zagorje; d’ailleurs, le seul motif qui nous avait poussés à visiter ce parc si tôt dans notre voyage était que, voyageant sans horaire préétabli, nous devions cependant revenir à Vienne le 7 octobre et que Dubrovnik étant très distant, je préférais revenir directement vers Zagreb pour gérer des imprévus possibles. Je ne crois pas que cela importe réellement pour le lecteur ou la lectrice qui ne veut pas tant connaître les détails de notre voyage que la description des régions parcourues.
LE PARC NATIONAL DES LACS DE PLITVICE
La montée vers l’arrière-pays croate est parfois source de vues époustouflantes avec la mer au loin. Nous devons
cependant quitter l’autoroute pour nous rendre au parc; sur la suggestion d’amis qui nous avaient prévenus de l’encombrement des sentiers lors de l’arrivée des cars de touristes, nous avons opté pour coucher deux nuits dans un hôtel du parc, le Bellevue (qui n’en a que le nom d’ailleurs); outre l’avantage d’être situés dans le parc, de n’avoir pas à utiliser la voiture, nous étions tout près de l’entrée et avions accès gratuitement au parc la journée de notre arrivée et de notre départ. Prix
raisonnable, chambre correcte sans plus, de même pour les petits déjeuners… Pour les soupers, nous devions nous rendre à la salle à manger d’un l’hôtel plus luxueux du parc, le Plitvice : atmosphère soviétique, service bureaucratique, et bouffe à l’avenant même si les noms des plats sont pompeux. Et il faut le faire: alors que la salle est presque déserte en cette saison, on nous assigne une table juste à côté d’un couple de québécois francophones ! De part et d’autre, après les salutations d’usage, nous avons essayé de protéger notre intimité, car les personnes qui voyagent par elles-mêmes sont rarement très grégaires. Mais la proximité du lieu de repas était un avantage indéniable pour nos jambes fatiguées des montées et descentes dans les sentiers.
Le parc est constitué de deux parties, et nous étions donc logés entre les deux, ce qui nous
assurait une flexibilité de déplacements maximale. Le parc lui-même est formé d’une succession de petits lacs, dont l’eau va du turquoise à l’émeraude, qui descendent vers une
vallée encaissée plus bas, mais qui sont séparés les uns des autres par des travertins qui constituent en quelque sorte des petits barrages naturels. L’eau s’écoule d’un lac à l’autre en débordant au-dessus de ces travertins et forme ainsi d’innombrables chutes verticales, parfois des cascades; parfois elle s’engouffre dans un trou pour ressurgir « quelque part ». Ce parc, fierté de la Croatie, est classé au patrimoine de l’Unesco.
La partie supérieure est plus « calme », moins torturée et aussi moins fréquentée que la
partie inférieure marquée par des chutes vertigineuses. Nous avons préféré ces lacs supérieurs où la promenade est plus sereine. Les cascades et chutes nous entourent de partout et la couleur des bassins est étonnante. Les sentiers bien
aménagés serpentent entre ces lacs et ces cascades tournoyantes. La forêt qui entoure le tout me fait penser à la forêt des basses Laurentides; d’ailleurs, les couleurs de l’automne commençaient à se manifester.
Les lacs inférieurs ne présentent pas la même végétation, du moins dans leurs niveaux les plus bas. En fait, ils
disparaissent pour laisser couler une rivière alors que de très hautes chutes, provenant de lacs situés plus haut encore sur les côtés, donnent un effet spectaculaire. Ils sont d’autant plus
fréquentés que les autobus de touristes et de croisiéristes arrivent par l’entrée qui est contigüe. Pour nous, cela perdait beaucoup de charme: outre le fait que je préfère les petites cascades et chutes entourées de mousse des lacs supérieurs aux hautes cascades dans un décor rocailleux, la nature se savoure mieux dans le silence et la sérénité.
Même si je ne partage pas l’enthousiasme des personnes que je connais qui ont visité ce
parc et m’en ont parlé ou du Lonely Planet qui le place au premier rang des choses à voir en Croatie, j’ai aimé et je crois que cela vaut réellement le détour si vous êtes dans le coin. Mais ne manquez pas l’Istrie, Split ou Dubrovnik pour ce faire. Peut-être que mes préférences vont aux villes ou aux grands espaces naturels nord-américains… Un peu de chauvinisme sans doute !
ZAGREB
La capitale de la Croatie n’a pas une réputation touristique sulfureuse. Son climat est plus
âpre, loin de la douceur méditerranéenne de Split et les soirées étaient donc fraîches. Nous étions bien logés près du centre, à 15 minutes de tram, dont l’arrêt était juste en bas de la rue de notre petit hôtel. Le jeune homme à la réception était d’une gentillesse incomparable et nous a donné toutes les informations pertinentes pour notre séjour. Une soie…
Il faut dire que la grande place (Place Bana-Jelačića) est fort jolie avec ses beaux édifices
qui l’entourent et la statue équestre dudit ban (vice-roi). Cette place semble réellement un lieu de rassemblement en plus
d’une station de trams importante. Même le soir, elle conserve cet air achalandé et désinvolte à la fois. Il faut dire qu’il y a tout près un marché qui ouvre le matin et ferme ses portes en après-midi. La cathédrale jouxte aussi cette place; elle est très fréquentée, car elle était presque pleine pour une messe de fin d’après-midi un lundi. On y voyait sortir de très nombreuses nonnes en burqa d’avant Vatican II et aussi, encore plus surprenant pour nous québécois, des jeunes hommes ensoutanés.
Tout près de la cathédrale, la place du Kaptol est vaste et magnifique. Bordée de petites
boutiques, elle est aussi entourée de bâtiments plus anciens qui lui donnent un cachet certain; et le caractère
piétonnier du coin (sauf pour les véhicules du marché à proximité) ajoute souvent au charme de ces villes européennes. On est très hésitants sur ce point en Amérique du Nord; on a tort. Mais comme vous pouvez le voir sur les photos ci-jointes, la foule était beaucoup plus nombreuse aux lacs inférieurs du parc de Plitvice !
Évidemment, nous n’avons pu en une journée et demi parcourir toute la ville, nous limitant à
la « haute ville » chère aux citoyens de Québec. Dans sa partie la plus élevée, Gradec, qu’on peut atteindre par un funiculaire, il y a la merveilleuse petite
église St-Marc (évidemment fermée !), un monument national en face de l’assemblée législative. Pas loin, un petit parc artistiquement décoré domine la ville. Il en est de même d’une terrasse qui domine le Kaptol et la cathédrale.
Et lorsqu’on descend vers Kaptol, on aboutit sur une rue genre « Duluth » où
foisonnent les petits cafés, bars et restos. Les terrasses sont aménagées avec des chaufferettes au gaz, et elles étaient ouvertes en soirée même si la température était fraîche. À notre surprise, les
écrans de TV étaient branchés sur un canal sport qui présentait du hockey; et les gens s’y attardaient… Alors, même si on ne peut s’exclamer « Voir Zagreb, et mourir… », la ville est agréable et mérite certes un détour si on est en Croatie ou dans les environs. Et nous ne sommes pas bousculés par les touristes…
LE ZAGORJE
Nous avons quitté Zagreb tôt le matin pour notre dernière journée en Croatie. Nous avons
choisi de visiter une magnifique région au nord-ouest de Zagreb, le Zagorje, surtout fréquentée par les croates eux-mêmes; le tourisme étranger y est encore moins présent qu’à Zagreb. Pourtant, cette région, toute en petites collines boisées, fourmille d’églises fortifiées, de villages perchés, de vignobles et de châteaux. Les routes
serpentent et sont souvent si étroites qu’on ne peut y rencontrer d’autres véhicules qu’à des endroits précis. Notre GPS ne connaissait pas toutes ces petites routes, ce qui nous a permis des ballades imprévues dans des coins assez reculés, mais d’un charme incroyable.
Pour les églises, comme il nous est si souvent arrivé dans la si catholique Croatie, elles
étaient fermées en ce jour de semaine. Décevant… Mais par contre, ce n’était pas le cas des châteaux et nous en avons visité deux magnifiques. Tout d’abord, le château de Trakošćan dont l’origine remonte au XIIIème siècle, immense, luxueux, et qui surplombe un magnifique domaine. Bien conservé mais très rénové ultérieurement et de façon un peu romantique,
ce château a encore beaucoup de son mobilier et de ses décorations des XVIIIème et XIXème siècles. Et puis le château plus massif, plus forteresse de Veliki Tabor du XVème siècle. Encore en rénovation, il y a peu de mobilier à l’intérieur, les pièces servant surtout à des expositions d’art. Même s’il n’est pas entouré de magnifiques jardins comme le précédent, la vue y est superbe.
Nous avons terminé cette visite du Zagorje croate par la visite du village musée de
Kumrovec, où s’élève la maison natale de Tito. Même si les différentes parties de l’ex-Youslavie se détestent à s’entretuer, le maréchal demeure une figure historique vénéré de tous. Il faut quand même admettre qu’il a réussi pendant plus de 50 ans à maintenir la paix dans une des régions les plus explosives d’Europe, et que
chef de file des pays non-alignés, il a courageusement et subtilement tenu tête à Staline qui l’a menacé de tous les maux. Le village nous permet de voir ce qu’était la campagne croate autrefois, même si c’est évidemment un peu léché. Nous y sommes allés sur semaine en dehors des heures de visite, alors nous étions seuls à le parcourir avec une couple de chiens et de poules…
Nous avons crécher, pour notre dernier soir en Croatie, dans un petit hôtel local avec un
certain charme, mais à la température glaciale. L’atmosphère était aussi à la même température à notre arrivée; j’avais l’impression de déranger le personnel, même si les rares clients ne les accaparaient certes pas. Puis finalement, il y eu un réchauffement, du moins de l’atmosphère si ce n’est de la température des pièces… Ce ne fût pas le carnaval, certes, mais on a pu échanger un peu, au moins sur les menus…
Pour celles et ceux qui désirent voir quelques photos de ce périple :
Plitvice, Zagreb et le Zagorje
Je vous reviendrai sous peu avec une brève chronique de notre visite autrichienne du temps des fêtes, en particulier la visite de la magnifique ville de Graz et un petit portrait de la Carinthie. Je vous laisse sur cette photo d’un paysage typique du Zagorje en espérant que cet aperçu de notre voyage de l’automne 2016 ait pu donner le goût des voyages à certain-e-s ou vous ait simplement diverti-e-s. 