AOTEAROA, LE PAYS DU LONG NUAGE BLANC (2)
II.- LA CÔTE EST DE L’ÎLE DU NORD
(Vous aurez accès à une sélection de photos pleine grandeur relatives à la présente chronique à la fin.)
La présente chronique portera sur la côte est de l’île du Nord de la Nouvelle-Zélande, l’île la plus peuplée depuis l’arrivée des Maoris au XIIIème siècle, car elle bénéficie aussi du climat le plus clément.
Les Maoris constituent aujourd’hui près de 18% de la population du pays et le maori est une des deux langues officielles avec l’anglais. Si la discrimination raciale est assez faible semble-t-il en Nouvelle-Zélande, la discrimination économique y est très présente. Les communautés maories sont en général plus pauvres, comme les premières nations ici; mais elles sont beaucoup plus présentes et influentes dans la société. Pour mieux les comprendre, il y a entre autres le merveilleux long métrage de fiction « Once were warriors » disponible sur Hoopla (bibliothèques publiques) ou YouTube et le roman du même auteur Alan Duff :« Un père pour mes rêves ».
Avant d’aborder notre périple le long de cette côte je voudrais rappeler qu’aucun animal de taille plus
grande qu’un écureuil n’y est apparu naturellement, sauf un très gros oiseau, le Moa, chassé jusqu’à son extinction par les Maoris qui autrement devaient surtout se contenter de poissons. Ce sont les immigrants européens qui ont importé les animaux qui peuplent ces îles actuellement. Une des conséquences est que plusieurs espèces d’oiseaux, dont l’emblème national, le kiwi, sont presque disparus en ne sachant se défendre contre les rongeurs et les chiens qui se sont multipliés. En outre, les « chauds » lapins, introduits par les britanniques pour se nourrir facilement, sont encore aujourd’hui une plaie dans certaines régions, car ils se multiplient sans prédateurs naturels.
1) TAUPO
À la sortie de Wellington, nous nous dirigeons plein nord vers la région du lac Taupo, le plus grand de
Nouvelle-Zélande, qui fait tout même plus de la moitié de la superficie du Lac St-Jean. La route passe à travers le parc national de Tongariro et nous pouvons brièvement apercevoir
le mont Ruapehu, le plus haut volcan actif de Nouvelle-Zélande qui s’élève à 2797 mètres. Il est difficile de le voir en entier, car il est presque toujours couvert de nuages. Le lac Taupo est magnifique avec ses chapelets d’îles et la route qui le longe se déroule parmi des vallons et escarpements créées par les vieilles coulées de lave.
La ville de Taupo ne vaut pas le déplacement et je ne partage en rien l’opinion du Lonely Planet qui en
fait le nouveau Roturoa. Nous y dormirons 3 nuits, mais ce sera le plus quelconque de nos logements
alors que nous y passerons une journée entière lorsque la première et seule journée complète de pluie du voyage nous assaille; au moins était-il confortable et nous avons pu y dormir notre saoul, car la fatigue des voyages s’accroit avec l’âge. Mais nous avons quand même apprécié le petit musée local (activité récurrente des jours de pluie) qui contenait cependant une belle collection d’artéfacts maoris.
Par la suite nous y avons tout d’abord visité un premier parc géothermique, l’Orakei Korako. Même
s’il était superbe, nous n’avons pas ressenti l’émerveillement du premier que nous ayions visité, celui de Yellow
Stone; ces sites géothermiques ont cependant profondément imprégné et la culture et le style de vie des Maoris. Les bassins d’eau chaude font partie de leur tradition… Puis, nous irons contempler des chutes et cascades à l’eau d’un bleu presqu’irréel de la rivière Huka, un affluent du lac Taupo.
En quittant Taupo pour Roturoa, nous arrêterons à un site géothermique beaucoup plus vaste : Wai-o-
Tapu. Magnifique journée qui commença cependant difficilement avec un
petit accrochage dû à une distraction de ma part dans le stationnement du site : des égratignures sur une aile avant de la voiture dont je suis encore à régler les coûts avec l’assurance de ma carte de crédit. Mais il faut oublier ces incidents si on veut profiter du voyage, et je dois avouer que le site Wai-o-Tapu était suffisamment attrayant pour ce faire. Les couleurs surtout relevaient du surréalisme.
2) ROTORUA
Rotorua est située sur les bords d’un grand lac, mais légèrement plus petit que le lac Taupo. Il s’agit
probablement de la capitale du monde Maori; la ville elle-même est un mélange
de beauté et de laideur comme souvent en Nouvelle-Zélande. Mais nous étions logés à une vingtaine de kilomètres au nord du centre-ville dans une maisonnette de campagne très bien équipée, au terme d’une route agréable. En fait, Rotorua m’a particulièrement intéressé par la diversité des ses lieux et activités.
Tout d’abord, il y a la visite du grand centre maori Te Puia qui allie la visite d’éléments géothermiques
magnifiques (dont des geysers) à des éléments plus artistiques. En plus d’un centre d’informations sur les animaux du coin (on peut y voir un Kiwi par camera, ces oiseaux étant nocturnes), il y a un centre de formation d’art maori (sculptures et tissages). Cela vaut certes d’y passer trois ou quatre heures. Il y a aussi présentation de spectacles-repas, mais nous sommes allés ailleurs.
Et le soir nous participerons donc à un spectacle-repas au Village maori Mitai. Les activités commencent par
une marche en forêt et nous longeons des sources sacrées où l’eau limpide
bouillonne malgré tout sous l’effet des pressions telluriques. Une petite rivière coule au fond d’un ravin d’où proviennent soudainement des chants guerriers et nous voyons apparaitre un canot propulsé par des pagayeurs maoris costumés. Le spectacle est magnifique, impressionnant.
Ensuite, nous assistons à un spectacle de danses et chants très soigné et énergique; le décor extérieur aide à rendre la scène encore plus vivante.
Puis c’est le souper-buffet avec des mets maoris traditionnels (du moins d’une tradition qui ne peut dater d’avant le XVIIème siècle, car il y a de l’agneau et du bœuf !) : tout est cuit dans des fours souterrains chauffés par la chaleur des sources thermiques : délicieux. Nous aurons même droit aux chants d’une délégation tahitienne de passage. Une soirée mémorable.
Le dimanche nous avons visité le vieux centre-ville dans un magnifique parc dominé par le Musée de Roturoa; malheureusement, ce musée, qui contient les plus belles pièces d’art maori semble-t-il, est
fermé car il a été rendu instable et dangereux par l’activité sismique.
Dommage qu’on n’ait pas songé à déménager les œuvres ailleurs le temps des travaux de consolidation qui s’annoncent ardus. Mais il y avait de l’activité autour dont des concerts de groupes populaires dans un petit kioske face auquel nous avons pique-niqué; plus loin c’était le boulingrin et la pétanque ! À l’arrière du même parc se situe l’édifice plus moderne du Polynesian Spa; nous y avons passé un après-midi de farniente dans un décor superbe. Un de nos petits luxes du voyage car nous avons opté pour l’option décrite comme telle…
Si vous allez en Nouvelle-Zélande, Roturoa est un incontournable pour bien comprendre la culture maori ! Un des moments forts de notre voyage.
3) WHITIANGA
Nous poursuivons ensuite notre route vers le nord-est et la péninsule de Coromandel. Nous nous y
établirons à Whitianga, centre de cette région touristique et lieu de villégiature des habitants
d’Auckland. La route est superbe et nous sommes accueillis par notre hôte, une dame charmante pleine d’attentions et qui habite une maison superbe dont elle loue une partie complètement autonome. En fait, sa maison donne sur un canal où est amarré le voilier construit par son défunt mari; l’appartement est très chaleureux.
Comme il pleut le premier avant-midi, nous nous rendons au petit musée local qui, outre des
reconstructions maories et coloniales, renferme une surprise de taille pour les québécois que nous sommes. Le récit d’un naufrage d’un navire qui venait de transporter les exilés de la rébellion de 1837 en Australie et la narration du retour au Québec en 2023 d’un crucifix fabriqué par un de ces patriotes (pas encore laïc !), François-Xavier Prieur. Tout cela au petit musée local de Whitianga en Nouvelle-Zélande ! Il faut le faire…
Les paysages aux alentours de Whitianga sont souvent à couper le souffle,
particulièrement sur la route qui mène vers la ville de Coromandel qui est cependant assez quelconque. Il y a là une vue incroyable de la baie Mercury qu’on nous montre dans les guides de voyage.
Mais nous nous arrêterons deux fois à la superbe plage de Whangapoua. 
La seconde fois, nous en profiterons pour faire un petit trek dans les rochers et les sentiers forestiers jusqu’à la magnifique plage de sable blanc de « New Chums » inaccessible en voiture. Il y là aussi une falaise avec des arbre incroyables. Un moment très agréable… Même si l’endroit est fréquenté, les foules ne s’y bousculent pas.
La côte sud de Whitianga est plus touristique et fréquentée. Il y a Cook’s Beach près du traversier pour
piétons qui arrive de Whitianga, mais elle un peu quelconque. La plage de Hahei est beaucoup plus jolie et mène normalement à un sentier qui l
onge la crête des caps jusqu’à Cathedral Beach, un haut lieu de tourisme dû à une formation rocheuse semblable aux pots de fleur de la Baie de Fundy ici. Malheureusement, un des rares typhons à atteindre la Nouvelle-Zélande a rendu la falaise précaire l’été dernier et l’escalier qui même à la plage et les sentiers environnants ont été temporairement fermés. Mais la plage de Hahei et les paysage en route valaient le déplacement.
Et il y a une curiosité naturelle : Hot Water Beach. Il s’agit d’un endroit très achalandé mais qui ne vaut
peut-être pas le détour; mais comme nous y étions… En fait, il y a des
sources thermiques sous le sable plage et à marée basse vous creusez quelques pouces dans le sable pour avoir les pieds dans de l’eau brulante; réellement brulante. C’est pourquoi les gens creusent de grands trous où cette eau se mêle à l’eau de mer pour créer des bassins tièdes. Nous nous sommes contentés de nous bruler les orteils.
Pour le reste, Whitianga ressemble à de petits villages de villégiature
avec
une centre-ville en partie piétonnier. Même si le lendemain nous nous quittons Whitianga pour l’aéroport d’Auckland et le retour à Montréal via Vancouver, je vous convie à la prochaine chronique sur les paysages incroyables des Alpes de la côte ouest de l’île du Sud.
En attendant, vous pouvez atteindre en cliquant sur le lien ci-dessous une sélection de photos des paysages, des sites culturaux et géothermiques maoris de la côte nord-est; ce n’est peut-être pas les paysages grandioses du sud, mais plusieurs sont extraordinaires malgré le photographe: