AOTEAROA, LE PAYS DU LONG NUAGE BLANC (3)
III.- LA CÔTE OUEST DE L’ÎLE DU SUD
(Vous aurez accès à une sélection de photos « pleine grandeur » à la fin de chaque section; je vous conseille de les regarder plein écran ou en utilisant le mode « diaporama » offert sur le site Onedrive partagé. Et vous n’avez qu’à cliquer sur celles illustrant le texte pour les agrandir.)
Comme je vous l’avais mentionné précédemment, nous avons parcouru cette magnifique région immédiatement après notre séjour à Auckland d’où nous avons pris un avion pour
Christchurch. Nous y avons loué une petite voiture et sommes immédiatement partis de l’aéroport, sans passer par Christchurch que nous avons visité à la fin de notre périple sur la côte sud-ouest. Il faut vous dire que la côte sud-ouest à la réputation d’être froide et pluvieuse : il y pleut 300 jours par année, mais pas nécessairement toute la journée. En été (nous étions à la fin de l’été austral, l’équivalent de septembre ici), il fait suffisamment chaud ordinairement que seules les plus hautes montagnes, recouvertes de glaciers, sont enneigées. Nous avons été particulièrement gâtés, puisqu’il il a fait beau presque tout le temps et que les températures fraîches nous ont permis de contempler la plupart des sommets enneigés.
Pour celles ert ceux que cela intéresse, l’allemande Christiane Gohl a écrit sous le nom de
plume de Sarah Lark une trilogie sur la colonisation de cette région par les britanniques : « Le pays du nuage blanc ». Une trilogie (traduite en 22 langues) évidemment très romancée, et qui a quelques faiblesses du côté de l’histoire des maoris, mais qui est instructive, passionnante et qui raconte la saga familale d’une dynastie de barons des moutons. Disponible en format papier et numérique à la BANQ.
1) ARTHUR’S PASS
Nous nous dirigeons donc immédiatement vers l’ouest alors que le temps est frais
et plutôt humide. Mais déjà, malgré les nuages assez bas, nous pouvons distinguer des pics enneigés. La présence de moutons nous fait aussi penser à l’Écosse même si les montagnes sont plus hautes ici. Déjà nous pouvons percevoir une des caractéristiques de ce pays, soit ses arbres majestueux.
Le col Arthur n’est que de 920 mètres d’altitude, mais il comporte des passages abrupts.
Nous avons la chance que le ciel se dégage alors même que nous
atteignons son sommet; son découvreur européen (pakeha) Arthur Dobson qui voulait participer à la ruée vers l’or de la côte ouest avait dû abandonner son cheval pour le franchir. Les paysages sont souvent époustouflants et la route parfois assez spectaculaire.
Sélection de photos : ARTHUR’S PASS
2) GLACIER FRANZ-JOSEF
Les montagnes longeant la plupart du temps la mer, les paysages y sont toujours
exceptionnels. Même si parfois les nuages et les averses interrompent brièvement le temps ensoleillé, nous y trouvons certes
notre compte. Nous nous arrêterons le soir dans un logement près d’une ferme entre les glaciers Franz-Josef et Fox. Pas très accueillant cependant, puisque même si les proprios habitent à 100 mètres de notre logement, nous ne les verrons pas du tout : la clé dans un boite à numéro dont le code nous est fourni par Internet !
Nous partons le lendemain avec un temps d’abord maussade qui s’éclaircira en cours de
journée. Mais en effectuant un dépassement qui s’annonçait sans
problème malgré la bruine (ligne droite et dégagée), je dois rapidement revenir dans ma voie en me rabbattant un peu brusquement devant le VR que je dépassais, car une voiture est surgie en face au dernier moment. Je m’arrête un peu plus loin pour reprendre un peu mes esprits, car je ne suis pas coutumier de tels dépassements.
Un type surgit qui m’engueule sur les conducteurs étrangers téméraires, exige mon permis
de conduire (que je refuse) et me dit qu’il va me dénoncer à la police. J’essaie de lui répéter que je n’ai pas voulu faire un dépassement risqué, mais que je n’avais strictement pas vu le véhicule qui venait; mais il ne veut rien entendre et s’en va en hurlant qu’il va nous dénoncer ! Moment désagréable qui gâchera un peu notre séjour dans les envrons. Marie et moi nous questionnons
comment l’un et l’autre n’avons-nous pas vu venir ce véhicule; je crois que tout simplement nous sommes habitués ici à ce que les voitures qui viennent en sens inverses sont signalées par les phares avant alors qu’une voiture qui au loin n’a pas de phare s’éloigne de nous et se dirige donc dans la même direction. Et je constate alors que les phares ne sont pas obligatoires sur les voitures en Nouvelle-Zélande. Mieux vaut tard que jamais.
Et nous nous approchons de Queenstown que j’avais un peu écartée des points d’intérêt du
voyage à cause de sa réputation de paradis des sportifs, trekkeurs et amateurs de bungee. C’est vrai, mais c’est aussi une très belle ville entourée d’une nature impressionnante. Juste avant d’arriver, nous avons la surprise de voir un avion de ligne passer en dessous de nous au moment d’atterrir. Pas fréquent comme vision…
Sélection de photos : Glacier Franz-Josef
3) QUEENSTOWN
Ce paradis des sportifs est cependant une petite ville charmante en bordure d’un superbe
lac et enclavée par de hauts sommets enneigés, Nous y
étions très bien logés avec une vue superbe et l’entrée avec la boite à clé codée impersonnelle. Après la mésaventure routière de la journée, ce n’était certes pas en faveur de nous faire partager l’idée reçue que les kiwis sont les gens les plus charmants sur terre; en fait, c’est comme chez nous, il y en a des charmants, des exécrables et des indifférents.
Mais outre la vue de notre logement, nous y avons apprécié les petits restos asiatiques et la possibilité de boire un bon expresso et d’acheter
le café que nous voulions pour notre napolitaine « traditionnelle ». Nous y sommes repassés plus tard en en route vers le Mont Aoraki et y avons aperçu d’autres paysages très intéressants, en plus d’y admirer un site de bungee surplombant un canyon aux eaux émeraudes. Mais nous avons admiré seulement :)…
Sélection de photos : Queenstown
4) MANAPOURI
Notre choix d’aller à Manapouri (dont le premier nom maori signifiait « le lac pluvieux ») était surtout dicté par la facilité de logement à une couple d’heures du célèbre Milford
Sound, car il y tombe près de 45 mètres de pluie par année… Mais les logements étaient rares et dispendieux près du Milford Sound ou à Te Anau la petite ville à mi-chemin. Nous y avons profité d’un logement très bien pourvu avec des proprios agréables qui nous ont gentiment reçus et ont bien voulu échanger un peu avec nous : une première…
Ils m’ont appris que nous étions réellement privilégiés de voir autant de neige sur les
sommets en cette saison, une période de températures très fraîches nous ayant précédés. Cela ne nous a pas empêché de faire une petite balade pédestre très agréable sur l’autre rive du lac Manapouri grâce à un « passeur » avec une petite embarcation motorisée. Sans surprise, nous avons terminé cette balade sous la pluie. Il faut dire aussi que les paysages que nous pouvions contempler du
haut d’une petite butte accolée à notre logement était absolument renversants. Évidemment, là aussi, nos charmants hôtes nous en avaient informés; décidemment, les boites à clé codées n’ont pas que des avantages ! Pour le reste cependant, Manapouri n’est pas une localité très vivante; on s’y est promené sans rencontrer âme qui vive. Mais reposant et serein…
Sélection de photos : Manapouri
5 ) MILFORD SOUND
Il faisait un temps frais mais magnifique lors que nous sommes allés à Milford Sound, haut
lieu du tourisme en Nouvelle-Zélande; mais ce fût probablement la journée la plus chaude du voyage (26 C à un moment donné). À notre retour la neige qui garnissait la plupart des sommets (sauf les glaciers) avait disparue. Mais ce n’était pas le cas au départ et la chance a continué à nous sourire toute la journée; nous étions
prévenus que les risques de voir ledit Sound (fjord) sous la pluie étaient très élevés en tout temps de l’année, mais que l’excursion en bateau valait quand même le déplacement à cause de la multiplication des cascades en cas de pluie. C’est probablement vrai, car nous en avions fait l’expérience dans notre traversée du centre de Tahiti. De toute façon, la route était superbe, et à l’aller, et au retour à Manapouri.
Un des points d’intérêt était ce qu’ils nomment Mirror Lake. En fait, je dirais plutôt un
étang miroir qui, placé en face d’une chaine de montagnes, en réfléchit les sommets enneigés; sans être spectaculaire, le lieu est charmant et paisible et mérite qu’on s’y arrête.
Une des particularités, avec le ciel légèrement laiteux, était que la réflexion des montanes était plus claire que leur vue directe. Et les glaciers et les cascades se sont ensuite succédés pour notre émerveillement sur la route vers Milford Sound.
À Milford Sound, nous avons pris l’excursion en bateau de deux heures qui permet de
sillonner tout le fjord. Il y a des bateaux à toutes les heures, et ils sont presque pleins à capacité même si nous étions en fin de saison; le beau temps avait attiré les autobus de touristes. Le fjord est
exceptionnel, même si selon nous il ne peut se comparer aux grands fjords du sud de la Norvège comme Gerangeir. Mais le navire prend le temps de longer les côtes et nous propose des vues étonnantes des cascades et glaciers environnants.
À ne pas manquer, du moins au beau temps ! Je veux bien croire que la vue des cascades, lorsqu’il pleut, justifie l’excursion, du moins j’avoue
que la magnifique température qui nous a accompagnés était certes préférable; mais comme il pleut 300 jours par année, les propriétaires des navires ont intérêt à s’assurer que les touristes ne viennent pas que les jours exceptionnels comme ce que nous avons connu. Ce fût une journée fantastique et vous pourrez mieux la percevoir en visionnant les photographies à la fin de cette chronique.
Sélection de photos : Milford Sound
6) MONT AORAKI (Mont Cook)
Le mont Aoraki est le plus haut sommet de Nouvelle-Zélande avec ses 3 724 mètres d’altitude. Malheureusement, il est généralement caché par les nuages et Lonely
Planet m’avait prévenu qu’en pareil cas, la vue
est décevante. Alors je n’avais réservé qu’une nuit dans un genre d’auberge de jeunesse avec chambre privée, mais toilettes, douches et cuisine communes. Et je pouvais annuler 48 heures à l’avance si le temps s’annonçait trop maussade. Évidemment, on annonçait finalement du temps particulièrement beau lorsque nous avons quitté Manapouri et j’ai voulu au contraire prolonger notre séjour d’une nuit; impossible, tout était réservé. Cette leçon nous a fait prévoir d’avance le reste de l’itinéraire de notre séjour en Nouvelle-Zélande. Mais que vous dire sinon que ce furent parmi les plus beaux moments de notre voyage (avec Rotorua). Des paysages à couper le souffle constamment; même les nuages ont pris des formes d’ovni pour nous impressionner davantage.
Si le temps imparti était très court (moins de 24 heures au total), nous avons quand même
pu nous balader un peu dans les environs du mont Aoraki
et de son voisin le mont Sefton et profiter de la magnificence de la nature qui nous entourait. Juste un peu triste de devoir quitter si vite à cause du manque de
logements; il y avait peut-être de la place dans une couple d’hôtels grand luxe, mais notre budget avait des limites. Il faut cependant retenir qu’ici aussi nous avons bénéficié d’une température exceptionnelle pour ce coin de pays. Après cette étape au mont Aoraki, nous nous sommes dirigés vers Christchurch et ensuite vers la côte nord-est; mais je vous en ai déjà parlé dans les deux premières chroniques.
Ici s’achève donc le voyage que je vous ai partagé. S’il y a un regret, c’est celui de ne pas
avoir disposé d’une semaine de plus pour faire plus d’excursions, pour marcher davantage dans la nature malgré les limites physiques que l’âge nous impose un peu plus à chaque année. Mais d’un autre côté, il y a aussi les limites financières; nos voyages en «roue libre» s’avèrent finalement plus dispendieux que des voyages organisés, mais ils comportent des avantages de souplesse et de liberté qu’on ne retrouve pas autrement et qui font qu’on y revient toujours. Si vous avez des questions ou des commentaires, j’essaierai d’y répondre avec le plus grand plaisir.
Sélection de photos : Mont Aoraki

